Je ne sais plus où, Stephen King en parlant de son père parti avec sa maîtresse écrivait "Papa, je n'étais pas heureux que tu partes, mais tu ne m'as jamais vraiment manqué": j'ai vécu l'inverse plus horrible encore quand mon père est parti avec la mort il avait commencé à me manquer chaque nano-seconde de ma vie.
Gustave von Aschenbach voit sa mort partout dans Venise, y compris en Dionysos lui-même. Ante mortem le livre de Mann est un long monologue mortifère. L'écrivain devenu Gustave Mahler devant la caméra de Visconti aura la même prescience avec en plus le trauma de la mort de sa petite fille.
"Ah! ce n'était que verbiage livresque et littérature que j'essayais de fignoler du fond même de ma misère, c'était du laïus!" (1) Knut Hamsun (La Faim 1890) ... (1) Père d'Œdipe.
- Strindberg, qui venait d'écrire en français "Inferno" juste après le départ de sa femme qui le laisse seul à Paris avec ses recherches alchimiques pour fabriquer de l'or, commençait à penser que l' enfer est sur terre et que l'homme n'en est délivré que par la douleur que lui inflige sa propre méchanceté et celle des autres (je suis méchant et violent puisqu'Homme mais pas cruel comme les Bêtes).
Entre la tristesse et la mort, je choisis la tristesse
mais entre la souffrance et la mort je ne sais plus ... Quand j'écris, je sais, corps et âme, que je suis tenu à l'Impossible.On peut construire un texte comme on fabrique un gibet: il faut une énergie folle, en ce sens que cette force vient d'un Sujet déjà absent. Le Nautilus de Nehemo entâme sa descente comme on se laisse emporter dans l'antre obscur, sachant trop qu'on n'en reviendra pas.
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Ce site de littérature n'est pas un "blog" même si cela peut ressembler parfois à un "book-log" ou plus exactement "log book" c'est à dire un "carnet de bord" que tiendrait un pilote d'avion dans un voyage sans escale ni destination.
Au
moyen âge et même à la Renaissance (loin après 1492)
les baigneurs et les promeneurs ne se risquaient pas devant les vagues qui déferlaient
sur les plages. La Genèse imposait la vision du "Grand Abylme" et des mystères
insondables. Puis un jour, l'Homme à l'image de l'Enfant vit le gros poisson
avaler le petit et imagina la chaîne à suivre. Quant au premier cercle
de l'Enfer de Dante il décrit la répulsion des eaux noires et la
tempête des fleuves infernaux. Au dix-septième siècle le spleen
et la mélancolie seront chassés par l'air pur et les vastes horizons
marins. Au 20eme siècle on plongea piller l'épave du Titanic et
découvrir les créatures luminescentes dans les grandes fosses océaniques.
Avons-nous encore en ce troisième millénaire l'espoir de nous laisser
aller dans les profondeurs natales pour trouver du nouveau. ...
(1).
La littérature
relève du "meurtre différé";
Mon écriture
et mon site rêvés seraient sympathiques à l'image des taches
de sang qui n'apparaissent sur la scène d'un crime qu'à condition
d'être éclairées par du Luminol chimique. Ecrire avec son
sang (uniquement pour qu'il devienne la trace du meurtre) comme avec une encre
sympathique (opposée à l'encre authentique des notaires). Alors
le texte se révèle comme une photographie argentique qui n'était
pas destinée à rester secrète
. Les monochromes font fureur
en art moderne.
(1)Photo:Jean-Claude
Bélégou, Le corps, 1992