Vous ne pouvez voir le texte ci-dessous qu'en le surlignant en clair, d'un seul clic et un seul.

(Ceci n'est pas une "installation" mais un démont(r)age éphémère.)

Placez le curseur et surlignez vers le bas de la page à partir d' ici Le crime du texte  

Plus encore qu'un mal de texte c'est un crime. La mort m'a donné la migraine à 10ans, elle m'a gâché la vie et elle pervertit tout Ecrit, tout texte lu à voix basse, tout Textus dissimulant ainsi le sens de la Parole.

Ayant déjà tué mon père à onze ans, au sens figuré et un peu au sens propre, je n'avais plus que la mort à tuer. De la snuff écriture à tel point que tous ceux qui lisent sont anéantis. "Non, c'est trop sinistre, on ne peux pas travailler la-dessus pendant plusieurs mois" m'avait répondu un éditeur.

La simple plume d'oie ou le pinceau en poils de porcs trempé dans l'encre de Chine s'est transformé en prothèse technologique et la table de l'écrivain métamorphosée en poste de travail. Quant à l'écriture "pure" qui coulait du stylographe ou du graphite de crayon qui noircissait simplement le papier il n'en reste rien dans l'écriture électronique. Les touches du clavier (pre-prothèse), la lumière de l'écran, le protocole Fetch, les exigences de votre fournisseur; tout vient piper les dés, boursouffler le texte de musique de photos et polices de caractères qui se tortillent comme des filles en Flash dans tous les sens comme au cinéma - mais c'est pas du cinéma, sinon c'est pas la peine de faire de la littérature.

De l'écriture qui montrerait le sens très intime des "choses" mais sans l'exhiber comme une icone. Quand les mots commencent à tuer véritablement c'est qu'ils deviennent de Loi. Ce n'est plus une révélation "sémantique" c'est une théophanie.

Mais avec une écriture sympathique, je pense de préférence à la lumière de la flamme qui révèle le texte même si c'est une Mag Lite de FBI. Comme si la page web était une cellule de prisonnier désaffectée du temps dont un pan de mur soudain serait éclairé d'un clic pour montrer des graffitis, tracés par des ongles ensanglantés, réduits à cinq sillons verticaux entrecroisés par cinq autres sillons horizontaux qui renvoyaient le condamné à morts aux barreaux et à la mémoire de trame de son écran de télévision. La parole est dite, le textus est tissé, le Jeu est joué.

"S.OS HELP ME", mais ce cri est aussi muet que celui d'Edward Munch car le squelette en poussière est toujours attaché aux chaînes dans un coin du cachot.

Puis la torche s'éteint, les piles s'usent, le doigt s'engourdit à force de soutenir le clic et le texte disparaît comme il est venu. Aucun éditeur n'en profitera jamais, le logiciel interdit tout second clic, c'était presque pour rien mais c'est ce PRESQUE qui fait la différence avec le néant.