Retrouvé, un soir, dans ma mémoire ou dans ma poche, une très ancienne citation de Georges B... qui fait probablement penser au diable...
Debout
les morts! Il
faut savoir leur danser sur le
ventre._
__
Texte (Tissu,
toile, tapisserie) on line et fil (1)
de soi (2).Trame
de caractères et "révélation" argentique qui se
souvient encore de la lenteur.
(2) Requin-taureau, tapi au fond des abysses.
Des mots,
"prononcés" sur l'écran on line comme l'image d'une
web-cam à l'autre bout du monde, pour exprimer les maux (le
bonheur est une réalité de la vie et non de l'art et
n'a donc pas besoin d'être gravé dans la pierre) , des
mots écrits en y pensant, des mots virtuellement figés
et
oubliés quelque part sur la toile du net autant qu'une image
sur la toile d'un cinéma sans personne pour la regarder.
I
D E O G R A P H I Q U E S
Adorant
comme des "pères spirituels" maurice Blanchot et Wiigenstein,
j'aimerais bien pourtant me libérer d'eux en Ecrivant de la
Littérature avec ce que je NE PEUX PAS DIRE (un rien plus fin
qu'une feuille de papier bible) et résister à la
tentation de m'effacer (je ne puis me le permettre) car JE saiT trop
bien qu'il n'existe peut-être même pas.
Mnemonika ... et ...
Mnemosyne mère des Muses . "Toute la mémoire du
monde" rentrera un jour lointain dans le super-ordinateur de 500
peta-octets ... oui, peut-être mais cette machine n'aura jamais
de souvenirs. Dans l'origine indo-européenne du mot
"mémoire" il y a l'étymon: "men": penser. Le souvenir
est "diffus", la mémoire vendue en unités est
précise comme un calcul; c'est même le grand
intérêt qu'on peut prendre pour une machine. Aucun
disque dur neuf ne sera jamais une source de jouvence pour notre
mémoire qui est condamnée à se dégrader
mais sera toujours une prothèse technique même si elle
est de plus en plus complexe et ramifiée.
- Pour l'heure,
il m'arrive parfois de ne pas trouver mes mots ou les mots pour
l'écrire et cela me plonge dans les abysses de l'Oubli profond
(le fameux trou de mémoire des acteurs comblé par le
trou du souffleur et maintenant l'oreillette).
Derrière une porte à hublots, au bout d'un long couloir
aux céramiques obstétricales, se cache une
mémoire noire en forme de fovea et de
pensée.
- L'é-criture @lectronique me fait toujours penser à ces panneaux lumineux plantés par les communautés urbaines aux abords des grandes villes qui sont censés donner aux "usagers" surfeurs du bitume, des informations en TEMPS RÉEL. J'admets volontiers qu'un astrophysicien ou qu'un mathématicien puisse dénoncer la pertinence entre temps réel et temps imaginaire mais pas un "pratiquant du net".
- Il paraît que le web est sans fin et que les réseaux tissés s'étendent à l'infini. On trouve de tout y compris au rayon de la mort et de l'érotisme. Alors, si la toile est le lieu de l'infini on doit pouvoir y tenter "librement" l'écriture des limites, je veux dire de la littérature au sens propre et ponctuel du mot Asymptote.
Qu'on se décide un jour à ressortir le voile de
crêpe noir et à re-sacraliser la cérémonie
du passage. Détourner l'horrible cri de
au profit d'une vie précaire car soumise à la
Loi.
- Le père de ma mère a construit sa maison lui-même, le soir en revenant du travail pendant la guerre, et moi, petit écolier sage orphelin de père je me promettais de construire un palais avec mon stylographe et ma caméra. Un ami me les offrit: un Waterman plaqué et une Brownie super 8, qu'il fallait remonter à la manivelle comme du temps du muet. Le problème c'est que le Père était déjà mort depuis 1 an et que c'était avec le chien une espèce de cadeau de consolation et cela je le comprenais trop bien. Et si l'étrange camera oscura, capable de capturer la vie, pouvait servir à tuer la mort (le mort- comme disent les Allemands) et pourquoi pas à trouver l'éternité, à moi petit enfant d'athées socialistes et communistes. Pourtant, à chaque vacances mon père me faisait rentrer dans deux ou trois églises désaffectées sous prétexte d'amour des belles pierres. Mais ce qui faisait passer des frissons dans le dos de l'enfant, c'était les misérables flammes des cierges et l' Enchristé qui avait toujours l'air de vous dire: "Qu'attendez-vous pour me descendre de là?"
Quelques années plus tard un savant de l' Ecole Nationale Supérieure de Mécanique allait me montrer les premiers ordinateurs gros comme des armoires et les ouvrières qui perforaient des cartes comme j'en voyais avalées par les orgues de barbarie encore au coin des rues. "Tu verras, avec ces ordinateurs, un jour l'homme pourra marcher sur la lune comme Tintin."De là, à penser que la miniaturisation serait capable d'en mettre un chez moi pour que j'aie le monde à mes bottes, c'était aller vite en besogne.
Jadis et naguère on parlait de jeux de société;
aujourd'hui on entend parler de jeux de réseau. Quand les
joueurs de jeux vidéo sont tous dans la même
pièce, enfermés comme dans un tripot, cela peut avoir
du charme mais quand ils sont à des milliers de
kilomètres, le vide immense est seulement comblé par
une présence virtuelle du vivant.
Et pourtant, la grande victoire des premiers internautes a bien été l'usage de l' e-mail, histoire de se sentir moins seul. Les visiophones existent: les amis qui partent loin se procurent une web-cam et font des caresses à leur écran.
C'est vrai qu'un livre cela peut se lire n'importe comment,
couché par terre à dix ans, un dimanche de pluie, dans
sa baignoire au-dessus de la mousse, en marchant dans la rue,
allongé presque nu et à l'article de la mort dans une
chambre d'hôpital, dans les lieux d'aisance en se prenant pour
un grand esprit, l'œil en coin quand le visage est ailleurs,
entre les pages à peine écartées comme dans un
porno, à la lumière d'une chandelle sans
électricité. L'ordinateur, l'écriture et la
lecture électronique ne laissent guère de choix.C'est
toujours assis à un bureau ou sur un portable dans un train,
sérieux comme un commercial ou un chirurgien se rendant
à un congrès. Certes la prothèse est
ingénieuse et sophistiquée mais ce n'est jamais qu' une
extension de plus.
- Evidemment que le texte est en ligne; tout au moins cela me semblait devoir être ainsi quand avec la plume qui crissait fort sur le papier à petits carreaux comme la craie sur le tableau noir, je dessinais mes premiers textes en cursives de gauche à droite. Mais je sais aujourd'hui que d'autres, ailleurs, écrivent de droite à gauche ou de haut en bas; peu importe: c'est toujours aligné et les lettres sont toujours en ordre.
- Ainsi donc de l'ardoise d'écolier que nous présentions au maître d'école, je suis passé à l'ardoise magique très sophistiquée qu'est l'ordinateur. J'écris et si je veux, d'un geste, j'efface la totalité de l'inscrit que personne ne verra plus. Devenu un scripte virtuel, c'est la pertinence qui me fascinait le plus: Ecrire, jeter,effacer. En revanche quand j'écrivais papier, il m'arrivait de jeter à la poubelle mais d'aller rechercher la feuille le lendemain pour l'aplatir avec la paume.
- Jadis on brûlait les vieilles lettres d'amour compromettantes dans la cuisinière à bois pour qu'il n'en reste que des cendres. Aujourd'hui on voit des policiers emporter des disques durs pour voir ce qui leur reste comme mémoire.
- Les paroles s'en vont, les écrits restent. L'écriture électronique n'est pas très différente: on fait tout ce qu'on peut pour la graver elle aussi autant que les caractères cunéiformes mais ce ne sont que des creux et des pleins brûlés par la lumière du laser sur du plastique, ce ne sont que des zéros et des uns et cela n'a rien à voir avec les idéogrammes chinois.
L'écriture électronique est indolore. Pas de taches d'encre (j'aime à les reconstituer en synthèse - index1.html) pas de ratures, pas de marge; c'est tout de suite la mise au propre même si on peut torturer les polices comme on veut. La disparition du livre est un phantasme car l'écran, qu'il soit tube ou flat, est bon à tout, pas la page d'un livre de littérature. Enfant, j'étais impatient de lire un livre sans images. Avec l'écriture électronique le texte devient image (les mots se déplacent et se transforment comme des mouches qu'on arrive pas à attraper) . Ma dernière résistance à la Galaxie Gutenberg sera de résister au "flash" et de persister avec " l' html "
- Me souvenant que le textus c'est le tissu et la trame (comme on dit la trame d'un roman, comme on parle de mémoire de trame en vidéo) je continue à l'aide du clavier d'ordinateur à tamponner des clous pour laisser une trace; la seule nouveauté, à mes yeux,réside dans l'instantanéité de l' édition et de la diffusion (appelée parfois communication) ainsi que dans la liberté d'expression quasi totale (vu l'absence de censure si ce n'est celle des webmestres des serveurs).
J'écris ce que je veux et déclare de façon autoritative que c'est de la littérature, j'édite (obéissant au mot Edition du menu) et je m'auto-publie sans attendre aucun visa et parfois dans les minutes qui suivent, je reçois un mail d'un visiteur-lecteur en réponse; tout cela va bien avec l'urgence, je veux dire celle de la mort, celle de la disparition. Plus jeune, au moment du festival du livre quand j'étais sur les étals, je recevais aussi des lettres de lecteurs, plusieurs mois après.
- Une autre spécificité m'a fait choisir l'écriture électronique (outre le fait que les éditeurs ne veulent pas de mon livre invendable) c'est celle de pouvoir choisir de voir ou de ne pas voir la "snuff photographie". Longtemps j'ai cru, comme un idiot, ignorant que les militaires avaient déjà leur réseau web, que l'image et le son, à l'imitation du cinématographe, finiraient par supplanter le livre et plus généralement l'écriture. On ne s'écrivait plus de lettres: on se téléphonait "in vivo" (mais on n'y a pas toujours tout à y gagner). Aujourd'hui, les enfants s'écrivent des S M S , comme si l'écrit était du parler codé et donc plus secret et plus intime que la voix lancée à tout le monde sur le trottoir, et s'envoient des e-mails aussi vite que du temps où on courait à la boîte à lettres avant la dernière levée.
- A nouveau la menace de Farenheit 451 se profile avec la bibliothèque que l'on télécharge sur une carte mémoire de 6Go pas plus grosse qu'une carte bancaire (le modèle rêvé pour les pros du marché) et qu'on glisse dans un e-book dont l' écran couleur tient dans la poche où jadis on glissait un livre. Quant aux sites net , à coup de "flash" , d'images qui bougent en tout sens et de sons, "qualité numérique" (bigre!!!) quand on les consulte sur des écrans flat moniteurs d'un mètre cinquante, on va se croire au C I N E R A M A du multisalles d'à côté.
Alors, je n'abandonnerai pas le bon vieux langage html et resterai le plus possible dans le script. Plus que de recommencer à écrire, ce que je n'ai jamais cessé de faire, même si c'était sur des bouts de papiers, des fragments de nappes de café-restaurants, des petits carnets à spirales d'où on pouvait détacher une feuille et la perdre dans le caniveau comme on vide une corbeille informatique,ou des rouleaux de papier cul comme le divin Marquis dans sa prison. Il existe même des prisonniers qui écrivent de longs textes sur les murs de leur prison. C'est de cette urgence dont je parle: le besoin d'écrire avant l'exécution de la peine capitale, celui de Guibert se voyant mourir du sida, celui de l' Amant sans autre nom que "Vous" qui, atteint de la maladie de la mort veut au moins une fois pouvoir aimer une femme en dépit de la fronière infranchissable, une femme qui lui dit: "ça va être la fin, n'ayez pas peur".Cette même femme allongée et qui dort, se réveille et nous interpelle, nous lecteur: "Vous allez mourir de mort. Votre mort a déjà commencé."
- Les paroles s'envolent et les écrits restent, comme les lettres d'or que j'ai dû faire graver sur la pierre tombale de mon père pour signifier à jamais, jusqu'au jour où le vent aussi les emportera. Ecrire en ligne si on n' édite pas sur imprimante, c'est écrire dans le vent. Les machines éteintes, il n'y a rien. Plus d'électricité, plus d'écriture électronique mais toujours des livres qu'on peut lire à la lumière de la flamme. Je tape sur le clavier, dans l'heure qui suit je peux envoyer les fichiers sur le serveur et un visiteur de passage peut m'entendre.
- Le livre ou la feuille blanche sont verticaux devant nous assis alors que je pense à cet auteur qui écrivait ses poèmes debout sur le manteau de la cheminée et aux malades qui peuvent écrire allongés. Le chagrin de ne pas avoir connu l'amour physique et sexuel est parachevé chez Fritz Zorn par son cancer qui finit par le dévorer. Il meurt d'écrire la mort. Jean Reverzy, médecin lui-même, dans la Place des angoisses, allait aussi loin en écrivant: la maladie ouvre à Dufourt "ce qu'il n'avait jamais trouvé: la vraie vie." Quant à la maladie d'écrire de Kafka, jusqu'à la fièvre et les migraines sans fin, elle dévore son corps et son âme comme le faisait déjà sa tuberculose. Le "tout est symbolique" d' Au-dessous du volcan de Lowry, qui se déroule au Pays des Ténèbres (le Mexique) fait allusion à la portée métaphysique de l'écriture. - Je vois toujours quelque chose de pervers dans la prolifération des mots-cellules. J'écris comme si c'était la fin, seulement "comme si..." pas de littérature sans métaphore.
Pas de métaphore sans lien avec la triste réalité.
Quand les parents sont morts on est assailli car
désigné d'office comme un client potentiel et un futur
consommateur par les Pompes Funèbres. Ainsi, certains
jours j'ai bien la ferme intention de ne pas penser à la chose
sans nom mais des prospectus envoyés à mon nom me
rappellent à l'ordre. Dynamisé, je me dis à
l'oreille "carpe diem". Puis je me mets à ma table de travail
(c'est le même mot que l'on offre aux femmes qui accouchent),
dans la chambre de torture et quand je commence à frapper le
premier caractère, je sais que je suis "déjà
mort" et que j'e n'ai plus d'autre moyen pour rejoindre l'autre rive
que de traverser la page. Je veux y parvenir avant qu'il ne soit trop
tard, avant de ne plus me sentir vivant. Le tapuscrit peaufiné
sur l'écran me devient étranger en quelques secondes,
je coupe le cordon en multipliant la vitesse de transfert et je
l'oublie bien vite dans l'espace du fournisseur internet.
La sève conduite par le cortex de l'arbre (liber) est devenue le flux très haut débit.
- Sans cesser en écrivant, je pense à la mort, à l'absence et je me console de suite avec la parole-écriture (on ne peut pas passer son temps à parler) et la pensée. "Nous ne sommes que la feuille et l'écorce" écrivait Rilke
Elle est le fruit autour duquel tout change."
Tout se passe comme si en écrivant je tentais infiniment (tout en en connaissant la limite) de descendre rechercher mes chères âmes perdues. J'ai cru au désir et à l'art, j'ai cru au cinéma dans la nuit et jusqu'à la mort même pour arriver vers ce point noir, immobile et aveugle mais électron libre toujours.
- Véritable macula de l'écran plasma dont je regarde moi-même la fovea, le pixel mort au centre de la page me fascine. On dirait un trou dans une feuille de buvard
Un trou dans l'espace-temps par où sortent les poltergeist de notre mémoire endommagée par les ans
Le centre du Spider's web là où se tient pétrifié d'attente, le monstre qui va nous embaumer.
- Maintenant que je sais que chaque jour et chaque nuit au moins 1 lecto-visiteur se promène à l'intérieur du site, je n'ECRIS plus, je publie comme un garde-champêtre au tambour voilé de crêpe noir, pour crier "Réveillez-vous braves gens!...La fin n'est jamais si loin!"
- Une fois j'ai jeté une lettre que je venais de recevoir dans la poubelle qui pue sur le trottoir mais dégrisé par le temps la colère a passé et je regrettais fort le geste. Quarante-huit heures après le maudit froissement je retournai fouiller les fonds poisseux et retrouvai la lettre au parfum d'ordure: mais je la relus et la gardai.
Les objets résistent à la destruction (il y a même des gens qui mettent la main dans le feu pour sauver le papier des cendres) alors que les micro-processeurs se vident sans vergogne.
Une des raisons pour lesquelles je n'écris plus à la
main est que je déteste mon écriture disgracieuse et
tordue comme Quasimodo. Ajouté à cela que le tapuscrit
me disculpe de mes mauvaises pensées qui ont
instantanément l'air d'avoir été couchées
sur l' écran par un autre.
Hier, il y a eu un gigantesque black-out du téléphone et donc d'internet, qui pourrait mourir de sa "belle mort", tué par un virus comme une araignée qui se serait empoisonnée à sa propre toile.
Le réseau n'est pas plus éternel que le monde.
Seul, Dieu est éternel
La volonté de Dieu est la cause des choses
Une chose est nécessaire seulement s'il est nécessaire que Dieu veuille cette chose,
Pour aucune chose distincte de Dieu, il n'est nécessaire que Dieu veuille cette chose,
Il n'est donc pas nécessaire que Dieu veuille l'existence du monde!
Il n'est pas nécessaire que Dieu veuille que le monde ait toujours existé,
On ne peut donc pas prouver que le monde a toujours existé..................
.............................car seul ce qui est nécessaire peut être démontré.
Ca c'est du ci né ma.....
Bien peu de gens parviennent à créer avec peu de
moyens. Jamais je ne ferai du web-art comme d'autres font des
installations dans des musées en mettant leur vieille chemise
blanche sous une cloche de verre. J'ai horreur des notes en bas de
page qui me font quitter le texte des yeux autant que les sous-titres
me font lire alors qu'on me donne une image à voir et une voix
à entendre.Quant aux liens hypertextes ce sont comme d'autres
livres disponibles sur la table de l'autodidacte ou de
l'exégète qui vont sans cesser de l'un à
l'autre.
- Je ne raconte pas ma vie et encore moins la mort de mon père, de mon petit chien, l'indigestion du poisson rouge ou la rougeole du petit garçon. Le JE qui peut m'apparaître dans l'écriture est une figure qui vient d'ailleurs, un OUTSIDER. J'aime écrire dans la marge.
Ce qu'il y a de bien dans les expériences limites et théologiquement scandaleuses c'est qu'elles font quand même entrevoir un rai d'infini.
Je signe et
je persiste à dire que la lucidité débouche sur
une lumière noire qui fait penser au noir et qu'il faut
(drait) s'y faire. La littérature est ce qui affirme le
pessimisme incontournable sans aucune diversion possible, pas
même dans le deuil de
l'écriture.
- Je
mens effrontément quand je crois attraper un peu de
vérité absolue avec un stylo ou une caméra: je
crois que chaque art a sa vérité et que la survie de
chaque vérité dépend du ciseau qui l'a
taillée.
- Quand je vois la toile (web) blanche au fond de la salle noire (camera oscura) je me souviens de Léonard de Vinci (inventeur du sous-marin) qui écrivait qu'il fallait "toujours bien penser à la F I N " ... la mort et le but, celui de la feuille blanche. Le tableau dessiné, comme le film fini (achevé) est la fin de la page, la fin de l'écran blanc chauffé par la lumière.
- Il m'arrive encore d'avoir envie de jeter un morceau de mort aux gens pour les entendre hurler et se défendre en même temps que je me leste d'une infime mais considérable part d'angoisse.
Du même coup je sais que je suis un usurpateur (d'un droit que je n'ai pas) et un mystificateur en me servant du web à des fins non-avouables.
- Réveillez-vous, braves gens, elle vous tient en joue et ne vous lâchera pas d'une semelle.
- Les mots viennent à moi mais toujours accompagnés d'images et de musiques
ce qui les rend plus lourds. Cependant, l'écriture électronique est un moyen terme suffisant entre la pureté de la littérature et celle du cinéma (à la Bresson ou à la Bergman).
- J'en connais qui disent que l'homme a évité d'être immortel pour vivre: certes, mais, quand je viens de perdre définitivement du texte par une erreur de clic, je regrette le temps où je me penchais dans la corbeille pour récupérer de justesse une boule de papier froissé, détestant tout ce qui meurt. En même temps j'écris pour affirmer que la mort (dans toute sa négation de la vie) est indépassable et qu'il n'y a aucun rachat possible.
- L 'esthétique est la dernière concession qu'on puisse faire. Donner à lire, donner à voir, donner à entendre, sans que cela devienne un spectacle agréable et que cela reste aussi difficile qu'un livre à lire. Le livre papier donne un texte à lire tandis que l'écran donne toujours à contempler. Combien de fois les gens préfèrent faire autre chose que lire au nom de la facilité.
Il
y en a même qui aiment les beaux livres (de l'extérieur)
mais les ouvrent rarement.
- Je n'aime parler que de la Mort (ou de Dieu) et des micro-événements (cf: Nano-fictions) ; ce qui se passe entre les deux, que ce soit une grande catastrophe - il en arrive tous les jours - ou un Evénement ordinaire, me semble toujours à peine crédible. La Peste, la guerre de 14, l'escalade du Vietnam,Tchernobyl n'ont servi d'aucune leçon. Alors? Le mal est dans l'œuf...l'œuf du serpent.
- Dans L' Anus Solaire, G.Bataille: ""Le Jésuve est ainsi l'image du mouvement érotique donnant par effraction aux idées contenues dans l'esprit la force d'une éruption scandaleuse."
- Avec la liberté (quasi absente de censure éditoriale) que présente le net on peut comme disait l'auteur de La littérature et le mal, besogner les mots en toute quiétude car ce travail-là a quelque chose à voir avec le "besoin sexuel".
- Le "tic-tac monstrueux" de l'horloge digitale nous enfonce les secondes qui nous rapprochent de notre mort avec de plus en plus de force. Le numérique c'est aussi la maîtrise du temps, unité par unité. Avant la mort de mon père le temps était doux et passait avec lenteur, puis après sa mort le temps s'est mis à passer comme un TGV mais maintenant que ma mère est aussi morte et que je suis vieux
et l'écriture électronique m'arrange bien: c'est de l'instantanéïsme comme en auraient rêvé les surréalistes. Jeune, on parle de l'urgence mais rien ne presse; vieux tout peut attendre mais on n'a plus le temps de rien. Il faut parer au plus urgent.
- Pas question cependant que je regarde la mort en face, même si j'y pense tous les jours, et si érectant devant les gisants, je me dis que je vais devoir m'allonger; non plus pour jouer avec les mots comme sur le divan du psychanalyste, mais pour une mise à mot et que je n'ai plus par conséquent qu'à faire mat la mort comme le matador et son privilège.
Quand j'écris, je suis COMME dans l'arène de la mort. Je sens le souffle chaud du taureau me faire froid dans le dos.
- Le net, espace d'écriture sans "tu-dois" me semblait privilégié pour faire de la morale (mauvaises pensées mais apophtegmes).
Je rêve d'une
langue dont on aurait sectionné le frein
et qui sortirait de
la page sur papier indien pour humer l'air comme le fait celle du
serpent.
- Mais, faut pas rêver, on n'y coupera pas à la censure. La liberté n'existe pas et si je puis écrire tels mots hic et nunc, ailleurs et à une autre date cela pourrait être très mal reçu. Le hasard des connexions web peut toujours faire qu'un "visiteur-lecteur" prenne pour lui ce qui de toute évidence a peu de chose à voir avec son identité culturelle. Je ne réussis pas à croire à l'écriture et à la réception universelles et je ne veux surtout pas y croire.Si j'écris bien fort: "Réveillez-vous!" je le retire immédiatement, si c'est lu suite à une connexion aléatoire dans un coin du monde où les gens souffrent de ne pas pouvoir dormir un peu, le temps d'oublier.
Et donc, en première règle éviter l'universel anglais. Il ne s'agit pas de communication scientifique, raison première de l'internet.
- N'est pas athée qui veut: je ne sais si j'admire plus ceux qui ont la foi ou ceux qui osent avancer qu'ils sont purement matérialistes. Kafka écrivait que nul ne chantait plus purement que ceux qui étaient au plus profond de l'enfer.Je me souviens avoir vu passer "la corne de taureau" dans le film de Pasolini: "Salo" - complètement irrécupérable - qui représentait le fascisme nazi et Sade tout en parlant de Barthes, de Nietzsche et de Klossowski. Ecrire électroniquement convient assez (et de plus en plus) à l'écriture subversive et insurrectionnelle, même si la quantité fait qu'au bout d'un moment les pages web resteront aussi conservées dans du formol que les œuvres cruelles enfermées dans les musées. On finit par en oublier le sens premier.
- Autre élément remarquable de l'écriture électronique pour quelqu'un qui redoute l'usure du temps et donc du jaunissement du papier, de la perte de définition dans la reproduction analogique; c'est la reproduction à l'identique par le numérique. Une page htm ouverte aujourd'hui sur un écran LCD posé à plat sur une table est plus belle qu'ouverte hier sur un vieux tube cathodique convexe et aux coins ronds.A quand des écrans moniteurs en forme de livre ouvert? quitte à ce que cela désacralise le livre.
Tous ceux
qui naviguent sur le net ne vont pas admirer les incunables dans les
musées
mais si je veux je peux accéder à la lecture des
manuscrits antiques directement sur l'écran at
home.
- On parle beaucoup de partage et de communauté des e-lecteurs et des e-crivains alors que la lecture (même s'il n'en était pas ainsi sous l' Ancien Régime) et l'écriture sont des actes solitaires.Là où le texte en ligne m'intéresse c'est dans la mesure où il peut aussi rejoindre l'oralité.
Bientôt
les holoscreens
vont semer les mots et les illustrations au vent comme la figure du
Larousse de mon enfance.Les tapuscrits sont déjà sous
cloche et les textes web sous verre.
Sur une table design New Style un livre virtuel 3D est mis à la disposition des visiteurs. Il suffit de faire glisser l'annulaire du coin supérieur droit vers la tranche médiane pour faire tourner les pages dans le sens de la lecture.
- Internet dépasse les difficultés de la diffusion au point que n'importe qui non concerné par la littérature "tombe" sur un site littéraire et qu'un amateur de la seule littérature s'égare sur des sites scientifiques ou autres. Cependant, je me dis parfois que la littérature (mis à part les sites de ventes) est la part maudite du web.
- La préoccupation légitime de l'écrivain qui s'interroge sur les rapports de ses droits et sur le nombre d'exemplaires vendus est ici remplacé par un simple compteur de connexions (ce qui ne prouve en rien la lecture attentive) . Les portails gigognes me servent aussi à obliger le visiteur à faire un effort pour pénétrer plus avant dans d'autres "chambres" et laisser une empreinte censée sur le compteur.
- Combien de livres en papier dorment sur des rayonnages de bibliothèque IKEA ou ROCHE & BOBOIS ? Parfois dans le fonds d'une dation dans les sous-sols d'une grande bibliothèque on trouve des vieux livres qui n'ont jamais été coupés (sauf les premières et dernières pages pour en faire la notice). J'ai même connu un étudiant qui à 23 ans, à la belle époque des livres de poche qu'on pouvait mettre dans la poche, avait couvert les murs de sa chambre de la collection complète des livres de poche.Ainsi, toute la mémoire littéraire du monde lui semblait être devant lui. Mais il m'avait aussi avoué n'en avoir véritablement lu que le quart. D'autres achètent des livres reliés rouge et dorés sur tranche au mètre comme de la tapisserie.
- Les bibliophiles ne sont pas forcément des grands lecteurs; je préfère ceux qui griffonnent des notes sur leurs lectures et même sur un sacré pléiade au risque de passer au travers du papier-bible avec la mine.
- Un livre est fait pour être lu, utilisé et usé, relu et rayé d'autres mots, cassé et corné pour ne jamais oublier.
- Pas évident de retrouver toutes ces qualités sur le net: c'est pourquoi je pense qu'une option édition papier PDF 10/18 est toujours possible. Mais alors le lecteur pourra lire un livre sans l'avoir acheté et aura fait du virtuel un réel! Rien ne va plus, le net c'est le désordre, la non-loi, le fouillis, le désordre forcément un peu subversif. L'exigence de clarté dans la page d'accueil de la part des hautes autorités numériques prouve à quel point l'écriture informatique relève encore d'une certaine façon de la vérité scientifique (une communication lue et approuvée par le Comité) ou de l'installation d' art contemporain à condition d'utiliser le dernier logiciel et le dernier format à la mode.
- Il paraît aussi, qu'il faut (pour être validé littérateur électronique) que je sorte de la galaxie Gutenberg pour espérer avoir un nom parmi les auteurs "des oeuvres que nous reconnaissons faire partie du champ des littératures informatiques": on pourrait dire: non pas vu à la télé, mais lu sur le net et sur une liste; car pour être accepté dans la communauté très avouable et faire partie du cénacle électronique, il faut de préférence être membre d'une liste, écrire dans des forum ou encore plus in avoir un blog.
Cela,
jamais, plutôt reprendre ma plume Sergent Major (qui laisse des
taches d'encre sur le portail du livre). J'ai l'impression que le
texte littéraire est "toléré" sur tous les
supports (même une affiche de pub - citations en prime -) sauf
l'écran de l'ordinateur - surtout si les lettres ne voltigent
pas dans tous les sens à coup de flash comme les personnages
Magrittiens
de Folon
.
- Et pourtant; la spécificité du moyen d'expression m'a toujours hanté, surtout en ce qui concerne le 7ème art. J'aime L'aventura d' Antonioni car cela ne peut pas être autre chose que du cinéma, et parfois je regrette que le génial Stanley Kubrick se soit inspiré de romans. Jadis on parlait de films d'auteurs, aujourd'hui on va voir le dernier Tom Cruise avec le nom du réalisateur écrit en tout petit sur l' affiche.
Enfin! dans tous les cas de figure, on ne manquera jamais de boîtes ni d'étiquettes qui vont avec! Il y a eu les années caméra-stylo et il y aura les années ordinateur-stylo.
Je
retourne à ma
et continue l'
...
- Non, ce n'était pas un cauchemar mais je m'en souviendrai comme tel: encore de l'irregardable vu à la télé sur les coups de 23h . Des Tchétchénes coupant la tête de soldats russes en s'y reprenant à plusieurs fois avec un grand couteau de guerre en leur tirant la tête par les cheveux et on entendait les hurlements de douleur inscrit sur la bande son de la vidéo couleur.
Et je pensais à celui qui filmait avec une petite caméra vidéo objet-témoin du progrès. J'avais entamé une section Actus - News - Je ne peux plus continuer.
Ne pas
oublier non plus, les images de
télé-réalité snuff qui suivaient pour
contrebalancer l'horreur des uns par l'horreur des autres, les films
qui montraient les soldats Tchétchénes,
découpés à la bêche de paysans et les
têtes aux oreilles coupées.
Je
ne crois pas que le monstre bestial sommeille en chacun de nous: il
est là et bien là comme un
démon-gardien.
Si
je retournais au manuscrit j'aurais devant moi des crayons de toutes
les couleurs, de la colle et des ciseaux.
- J'ai souvent l'impression de me servir de l'écriture sur le web comme d'un porte-voix. Je ne suis pas du genre à monter sur une tribune pour harranguer une foule qui de toute façon n'aurait rien à faire de mon discours tout juste bon à déprimer les citoyens "acteurs, bons consommateurs et bien-votants". Avec, un peu ou beaucoup de chances, je "crache mon venin", laisse couler le sang de la plume, balance les fichiers sur le serveur et me dis que le premier à se connecter (même par hasard) sera piégé. Sale et mauvaise pensée.
- J'ai
toujours admiré et vénéré les fac-simile
des Pensées de Pascal ou
de l' HSQ de Musil: Lit et ratures,
gribouillages
et gribouillis, sans me prendre pour un véritable auteur.
Cependant Pourtant (je n'ai pas de blanco, comme sur ma bonne
vieille machine à écrire, pas de gomme sur la
tête de mon crayon) Pourtant la question de l'
auteur
est
primordiale (me disait mon éditeur en me donnant du travail de
promotion).
- Etant moi-même lecteur d'écran, je recherche souvent en me posant sur un site à connaître le ou les noms des responsables ou des auteurs. Je me préoccupe seulement de leur notoriété par curiosité et non pour chercher une certaine validité du discours. Mais on me rétorque toujours: "...et les droits d'auteurs, il faut déposer les textes, les protéger ... si tu te les fais voler (copier-coller) , si on te tombe dessus ..." Bref, auteur signifie reconnaissance, propriété, sacem et droits ... et là sur le net c'est encore un peu le non-droit même si ceux qui font de l'argent avec se demandent comment ils pourraient en faire encore plus ...et les enjeux sont fabuleux. Les mots littérature et auteur sur les moteurs de recherche renvoient encore en priorité au commerce. Alors disons que je considère que c'est un nouveau commerce.
- Il n'y a pas si longtemps, on ne trouvait guère que des poèmes en matière de littérature numérique; il fallait faire court, concis, pas trop lourd et donc privilégier la forme brève ... et les journaux intimes pleuvaient. Aujourd'hui la rapidité du réseau est telle que chacun peut faire ce qu'il veut. Cependant, en ce qui concerne la littérature j'ai l'impression de me trouver au milieu de la querelle des anciens et des modernes. Il va de soi qu'avec de la simple littérature écrite, de l' html, du jpeg et du mp3, je me sens dinosaure. J'ai même pris soin de proposer un lien pour que le visiteur puisse éditer le texte en pdf au format 10/18 sur son imprimante.
- Ton portail n'est pas clair, c'est trop chargé, c'est trop long, trop de polices différentes, trop de couleurs, trop d'images... "
Ce n'est pas du web-art et encore moins une installation contemporaine de mots,
© Quelle prétention à marquer une page blanche au fer rouge des droits réservés - interdit à la reproduction - je me demande bien qui voudrait s'approprier mes phrases?
- "Ton
site est trop touffu, trop tordu et en plus c'est déprimant"
Internet aussi est touffu et désordre, mais de ce
désordre naîtra bien un sens un jour. La toile n'est pas
régulière et pourtant c'est un diamant.
Je me souviens d'une époque où certains se servaient de
vieilles lignes téléphoniques abandonnées depuis
la guerre pour créer un réseau secret de communications
illicites. Le RESEAU
avait quelque chose de sulfureux.
Les nano technologies qui consistent à fabriquer des assemblages électromécaniques à l'échelle moléculaire va d'ici 20ans bouleverser bien des choses.
Un
soir de désespoir, suite à un débarras de vieux
dossiers, je suis tombé malancontreusement sur la lettre de
New York cachée pour rien. Sans être superstitieux on
hésite parfois à faire certains gestes... passer sous
une échelle n'est rien à côté de ne pas
embrAsser un bébé qui se recroqueville dans le sommeil
de la nuit.
Le
net regorge de vie privée mais le net est aussi une forme de
communauté privée pas toujours fréquentable.Un
livre, à condition de ne pas être in octavo, peut se
lire n'importe où (couché dans un lit, debout contre un
mur, aux toilettes, dans l'avion, dans la baignoire...) alors qu'un
site numérique sera toujours soumi à un média
technologique (même si celui-ci va loucher du côté
des gadgets à la N
S A .
- Quand je scanne une vieille lettre ou une vieille photographie j'ai l'impression de la sauver de l'usure du temps comme les conservateurs qui numérisent les livres rares et les plus anciens manuscrits du monde pour les faire échapper à la "consomption". Mais un fichier peut-être effacé, une base de données peut disparaître, une sauvegarde et un serveur entier peuvent être détruits,Si je pensais en vocable d'éternité alors je passerais facilement de la communication à la communion.Le réel est périssable et le virtuel est éternel: foutaise!
Les dieux sont morts et on en a fabriqué des faux encore plus puissants et véritablement omniprésents: des sites et des serveurs satellitaires sur des orbites géostationnaires très loin dans le ciel au-dessus des nuages.
- J'aimais l'idée des dédicaces, de l'écrivain en chair et en os (et pas numérisé en pixels) qui dédicaçait ses œuvres comme si cela prouvait que c'était bien lui qui avait tracé ces mots avec son stylographe.Certains artistes du web-art font des installations et trônent fièrement derrière leur machine comme un peintre les soir de vernissage: mais à part ce cas de figure je trouve qu'un site littéraire a l'air encore plus anonyme (mais la littérature a commencé sans nom d'auteur) qu'un livre avec le nom de l'auteur en haut juste au milieu de la pochette. Sur une affiche de film on cherche de plus en plus le nom du réalisateur écrit en tout petit à la queue d'un générique à la police tassée. Quand un surfeur envoie un e-mail au webmestre je suppose que c'est aussi pour vérifier s'il y a bien un humain à se cacher derrière tout cela.
-Quand je pense à Rousseau écrivant au dos de son jeu de cartes ou au Marquis de Sade écrivant sans fin sur des rouleaux de papier-chiotte au fond de son cajot, je me demande si je pourrais "faire marche-arrière" et revenir à la plume dans la cellule de l'hôpital? Tout écran fait mal aux yeux, pas la feuille blanche.
Bourrer une pipe, tailler la mine d'un crayon de bois puis jeter son âme sur le papier en noircissant des kilomètres de lignes.
- Comme écrivait Borges " Toi, qui me lis, es-tu sûr de comprendre ma langue?"
Et comme répondait Umberto Eco: " Amen ! "
- Quand je croise une levée de corps j'entends le grincement du villebrequin mécanique et chromé.A côté, le crissement de la plume du scribouillard est comme un froissement d'ailes. Par contre quand j'entends le vacarme de mon propre clavier je crois entendre la cadence infernale de la machine à coudre de ma grand-mère gantière attachée à sa machine qui lui prenait sa vie.
Devant l'écran blanc mes pupilles se dilatent, mes rétines se décollent, ma myopie dégénère et je divorce d'avec le "computer" pour écrire "à l'aveugle".
Je rêve d'écrans horizontaux sans lumière et d'un stylet électronique capable de crisser ...
et je subis laborieusement la métamorphose du scribe accroupi, les mains jointes.
- Il se trouve aussi que l'écriture électronique c'est l'écriture animée et sonorisée, du lettrisme revu et corrigé par une platine de jeux. Comment faire pour passer du jeu sophistiqué du "flash" au sérieux implacable d'un livre ouvert? Tout le monde a déjà conquis le net depuis longtemps : les militaires, les scientifiques, les économistes, les financiers golden-boys planqués sous terre dans des corbeilles boursières électroniques,les artistes de la palette graphique, les échangistes de correspondance, les poètes, les diaristes ...sauf la littérature qui refuse obstinément de perdre son âme en se jetant dans le brasier de la "technologie".
Les clics abolissent le temps et l'espace (du moins en apparence) car les antipodes seront toujours à l'opposé même si les courtiers sont en ligne.
20% des habitants les plus riches profitent de plus de 80% des richesses du monde et les 20% les plus pauvres se partagent à peine plus de 1% du revenu mondial. La Chine s'éveille (ou se rendort, c'est selon...) les prix des matières premières s'effondrent, les échanges maritimes chuttent. On balance sur le net une fausse décapitation d'otage et la curée commence; et il n'y aurait pas de fausses spéculations sur le cours des matières?
La toile est en place et je ramasse les miettes en en faisant ma "part maudite".
Quand le manque à gagner des grandes maisons d'édition sera trop intenable...
- J'avais à peine balancé un texte (en réalité, un misérable petit fichier html préhistorique de la révolution informatique) que je recevais un courrier d'un surfeur-lecteur du Québec, tombé sur un lien après une interrogation du Dieu-Google. La "réponse" était tellement instantanée et lointaine que j'en oubliais le décalage horaire.
-Google et sa suite de métamoteurs sont comme la mort: ils répondent à toutes les questions et résolvent toutes les énigmes: du moins c'est ce que croit le voyageur perdu. Les quatre cent millions de pages sont indexées et classent mécaniquement les sites par ordre de grandeur des références, comme si le site le plus souvent interrogé était celui qui donnait le plus d' informations (pour ne pas dire de réponses).
- Tous les jours un peu plus de publicités crapuleuses dans les indésirables, sans que personne n'aille se plaindre au bureau d'Informatique et libertés qui n'a pas l'air de savoir comment marier les deux mots. Le robot se colle comme une sangsue visqueuse à vos pages et les indexe toutes. J'ai appris à me méfier des a commerciaux, je veux dire des petites arobases qu'on laisse traîner et qui vous dénoncent. Comment s'exhiber sur le net, se "monstrer" sans pudeur aucune et rester caché aux yeux des satellites de la NSA ?
-
En
vérité, j'aimerais écrire avec des
idéogrammes
avec des pictogrammes enclos dans des philactères et dessiner
des frises sur les chapiteaux des temples. Mais, bon ...! je vais
continuer à me contenter de notes en bas de page en forme de
liens hypertextes et de renvois à l'indicible.
- .................
...............
............O......U.....Œ….On
jouait aux cubes avec des lettres de couleurs comme Rimbe,on jouait
au pouce-pouce, on croisait les mots dans des cases et parfois
même les soirs de courage on s'aventurait au scrabble.Des
lettres il y en avait partout, même sur les murs qui avaient
encore la parole. Le mois de décemmbre suspend les
N O E
L et les
B O N N E A N N E
E en guirlandes
lumineuses et les enfants qui lisent en l'air comme les
étés du temps jadis où les avions à
réaction écrivaint des lettres de fumée blanche
sur le bleu du ciel. J'aime encore à m'amuser comme un enfant
qui prend du plaisir à écrire en changeant de crayon de
couleur à chaque mot.Petit enfant est à l'âge
où on dessine les pensées, où on écrit
avec des idéogrammes car on ne peut faire autrement; aucun
enfant rêve d'être écrivain, mais peintre,
musicien, photographe: oui.Les lettres sont encore des
idéogrammes
- Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser que tout ce qui n'est pas de l'ordre de l'écriture des mots pervertit ce que l'on nomme littérature. Editer un texte sali par des images, par des couleurs et des polices de caractères multiples, par des musiques et des sons (qu'on ne pourrait mettre que sous forme de CD en pochette) est chose impossible, luxueuse et privilégiée.
- Dans un temps qui bientôt sera très lointain les infirmières perverses des écoles, faisaient aux petits enfants des cutis avec des plumes en acier blanc (les mêmes que celles des mêmes petits écoliers - presque -) qui leur laissaient des blessures sanglantes. Alors quand j'écrivais avec le porte-plume et que je faisais une tache, je me disais que c'était le sang du papier qui s'échappait.
- Je n'ai jamais réussi ni à tuer ni à me tuer: alors comme un assassin fumeur d'opium, je cours en hurlant, le bras levé, avec une plume en ferraille au poing.
- Contrairement au tueur qui se perd, j'essaie à chaque ligne de me racheter à mes propres yeux de faire quelque chose qui en vaille la peine.
- La véritable innocence est celle de celui qui ne sait pas encore lire et écrire. En même temps que la liberté, on acquiert le sens de l'enfermement.
Le texte qui s'inscrit sur mon écran de contrôle est comme une boursoufflure de ma pensée. Même avec des coquilles et des fautes le texte a l'air définitif avec ses caractères qui ont déjà l'air d'être édités et sa marge nette. On ne peut même pas faire de ratures autrement qu'avec des X de censure.
La bonne vieille tête à effacer du crayon qu'on retourne à l'envers est remplacée par la croix de la disparition totale. Les cubes de couleurs avec des lettres à la Rimbaud sont remplacés par des quid imbéciles pour enfants-savants. Petit écrivant, il m'arrivait même de graver des lettres avec la pointe de ciseaux sur les lattes de plancher ou sur les volets qu'on pliait sur la façade.
L'oubli me fait survivre en m'interdisant parfois l'évocation d'événements pénibles. Mais c'est une fuite dérisoire! C'est comme l'effet d'un refoulement, qui est refus, peut-être vital, d'assumer. Nietzsche affirme qu'il "est possible de vivre presque sans se souvenir, et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier."
-Le monde matériel que nous appelons la "réalité" correspond à ce que nous voyons sur l'écran de l'ordinateur, par exemple les mots, les images et les icones qui constituent l'interface avec l'utilisateur.La "matrice énergétique" composée de supercodes correspond à ce qui génère la réalité virtuelle que nous voyons sur l'écran, à l'interface qui organise les ordres ou les caractères et la transforme en flux d'électrons dans les microprocesseurs. La "mémoire de l'univers" correspond au programme informatique qui produit les instructions en langage machine.
.......MMal
de texte et perversion
____________.
............- Voici plusieurs années je lisais une excellente revue qui s'intitulait Corps écrit mais quand les Presses Universitaires de France me l'avaient annoncée au téléphone j'avais bien entendu: Corps et cris: pensant à l'irregardable photographie de l'écorché vif de Bataille dans l' Erotisme, et à La Colonie pénitentière de Kafka.
- J'ai décidé d'avoir pour écran informatique une toile blanche de cinéma définitivement verticale et d'écrire avec un simple clavier hf sur mes genoux au fond d'un fauteuil. L'ordinateur est ailleurs dans un coin, loin derrière, invisible comme la voix des parents morts qui sussurent aux oreilles des enfants.
- Un
autre moyen consistait à placer le projecteur vidéo au
plafond et à projeter sur un dallage blanc mat de telle sorte
qu'on puisse projeter les mots par terre comme Pollock
éjaculait sa peinture sur la toile horizontale
(le geste est presque plus célèbre que les œuvres).
Finalement l'ultime progrès sera de fabriquer des écrans électroniques holoscreens qui seront blancs de seulement quelques dixièmes de millimètres d'épaisseur et sur lequel on pourra écrire en noir avec un stylet. Il suffira de poser le doigt en bas à droite pour valider.
_ Il y a un mois j'ai lu un livre scientifique truffé de notes en bas de page pratiquement constituées, non de références bibliographiques, mais de références internet http:// étrange norme non évaluée.
- Après le cinéma, la télévision, les game-boy, les ordinateurs et leur couvercle qu'on ouvre comme une conserve, les téléphones portables et les publicités sur écrans télé géants dans les villes (aux Etats-Unis et à Nantes) la lecture horizontale du livre que pratique naturellement les enfants couchés par terre, les jambes relevées ou les lecteurs du soir, fatigués d'être debouts, deviendra peut-être désuète: tenir un gros livre en l'air dans son lit est un supplice insupportable.
- Dans le fond la littérature électronique est obligatoirement (ou disons: de droit) OB SCENE, car elle donne à voir, elle se transforme en spectacle, elle place l'objet texte devant la scène de l'écran électronique. Littérature électronique inconvenante, de mauvaise augure (moi qu'on traîte toujours de Cassandre), pornographique (les putes font le trottoir, mes mots font les écrans - les autoroutes de l'information) . Pour les gens de ma génération l'ordinateur a dans tous les cas pour ancêtre le minitel et le 3615 lola...
Je montre
des photos ou des bouts de films comme je donne des sons à
écouter pour que "cela" saute aux yeux encore plus que les
mots d'un texte dans un livre. Je me souviens de l'icone de
l'éclair électrique
sur la couverture des Géants de Le Clézio, et de la
lettre
sur la
couverture de Roubaud, du Semiotike
de Kristeva et du S/Z
de
Barthes et aussi de l' *
à la place du nom de l'auteur.Mais ce qu'il y a
d'évident dans un icone qui s'impose c'est qu'il est aussi un
oxymoron à lui seul, car la chimère est au cœur
de la l'image de synthèse. Avec la perfection de l'image
numérique la photo cesse d'être une preuve de la
réalité. Toutes
les confusions sont possibles et terriblement dangereuses.
- Les
pleins et les déliés
même s'ils sont programmés n'ont plus rien de la belle
imperfection manuelle sur du papier rugueux.Le rêve n'est-il
pas pour les hommes d'affaires plus pressés que les autres
d'utiliser le "graffiti" et d'écrire avec un stylet sur un
"palm-électronique" et que leur écriture de cochon se
transmue immédiatement en caractères informatiques
prêts à être expédiés aux antipodes.
La littérature qui avait toujours été pour moi
l'expression de la lenteur deviendrait soumise à
l'impérialisme de la vitesse? Ce sont les mêmes qui font
l'apologie de la vitesse qui mettent huit jours à
répondre à un mail.
J'aime à penser que l'écriture littéraire est aussi une certaine vision de la structure intérieur-extérieur,et si la vitesse fait disparaître l'espace qu'en est-il de ma vie et de son introspection? Ma vie c'est aussi mon espace même s'il se réduit à ma chambre et je veux laisser courir ma plume jusqu'à perdre haleine.
Qu'on me laisse mes "calligrammes" et ma lenteur de réflexion.Le jour viendra bien où le temps nous manquera et où nous n'aurons plus d'espace non plus.
- Les fournisseurs internet prennent soin depuis quelque temps d'afficher une signalétique de censure dans le bas de leur portail du genre: Signaler un contenu illicite et cela n'a rien de scandaleux quand on pense aux horreurs possibles.Cependant il est bien évident que le net ne restera pas longtemps l'espace de liberté idéologique actuel. On peut faire confiance aux financiers et aux grand libéraux pour récupérer le net comme ils ont repris les célèbres radios libres.
- Et si l'écriture électronique relevait de la "performance" ...? cela ne me déplairait pas, comme une manifestation de rue, comme une littérature de trétaux, comme une prise de parole ... et j'en reviens à l'oralité. Trouvra-t-on un jour des recueuils de mails comme trouve aujourd'hui en librairie des anthologies de correspondances.
- Il n'y
aura jamais plus de Farenheil 451 ; on aura beau entasser les
ordinateurs et en faire des bûchers on ne retrouvera jamais les
textes interdits.Et même si on met les écrivains en
prison
leurs textes se multiplieront à la vitesse des
électrons.
Le bogue
(la bestiole nuisible) informatique de l'an 2000 n'a pas eu lieu et
les seuls black-out possibles sont dûs aux guerres et aux
catastrophes naturelles. Les usines de la Silicone Valley vont
produire des DVD
indestructibles,
impossibles à rayer ou à faire fondre.Le corps d' A...
dans le four crématoire serait en cendres mais on retrouverait
son œuvre comme un DVD
neuf, à son côté, qui prendrait plus de place
qu'elle-même dans l'urne funéraire
.
- Ecrire électroniquement c'est encore une façon de se prendre pour dieu: ubiquité, vitesse, éternité.Toutes les publicités vante l'immortalité des DVD-Rom. Le temps n'a plus de pouvoir sur les photographies ni sur les encres et les papiers.
- Ce soir
la machine a fait de la résistance passive: elle plantait sans
cesser. Les stylos à plume sèchent, les stylos-bille se
vident et les crayons se cassent mais cela interrompt rarement le
débit du texte. Une journée sans ordinateur, une
journée sans réseau est une catastrophe qui coupe tout
élan d'authenticité.Le portable et le carnet
électronique facilitent ma petite vie d' "écrivant"
mais vaut mieux prévoir une batterie de rechange, voir une
batterie solaire.Quand je fabriquais des films on me disait souvent
que c'était trop lourd pour moi; alors je suis retourné
au stylo sans me douter qu'une nouvelle lourde machine allait
à nouveau m'embarrasser.Maintenant que la miniaturisation des
processeurs a fait que la machine tend à disparaître on
s'embarrasse d'un réseau encore incertain.
......La
toile a des fils ténus; chacun se croit relié au monde
entier et avec la moindre panne de secteur et tout le monde retourne
aux bougies. La "fée électricité" porte toujours
bien son nom.
-Pour la
première fois de ma vie (et j'en rêvais depuis
44
ans
- lors d'une exposition des nouveaux moyens de communication
téléphonique au CNED
) j'ai communiqué dans l'instantanéité avec ma
fille par webcam.Le visiophone de science-fiction est devenu
réalité et mon retard en ce domaine me faisait peine
à moi-même car tous les pékins lambda accros du
web le sont aussi de la web-cam depuis des années. Alors je me
disais qu'il n'y avait qu'une seule explication à tout cela:
la peur. Je la voyais en même temps que je me voyais aussi sur
l'écran et cela était terrifiant.J'avais une
pensée très émue par ces parents qui se
visiophonent d'un bout à l'autre du monde: l'absence est-elle
moindre ou plus violente? Encore et encore l'image du 2001 de Kubrick
et de ce père qui loin dans le ciel et le confort de sa
navette spatiale souhait "bon anniversaire" à sa fillette
restée sur terre - c'était en 1968.
Il est évident que ce n'est pas la simultanéité
que nous vivons au quotidien depuis l'
Eurovision
de la télévision des années 60 mais la
présence-absence prochement éloignée d'un
être aimé. Jamais je n'avais vu autant de vie morte de
ma vie. Le sentiment le plus similaire dont je me souvienne c'est
celui que j'ai eu le premier jour à 12 ans au Palais de la
découverte quand je me suis vu moi-même sur un
téléviseur filmé de face par une caméra
vidéo: je
ne le savais pas encore, je ne le comprenais pas non plus mais je
vivais que j'étais un autre. L'épreuve du miroir
était loin déjà dans mon esprit d'enfant et je
ne suis pas certain a posteriori que j'en percevais clairement
l'importance traumatique à l'époque. Des miroirs ou des
vitrines réfléchissantes il y en a partout. Et puis le
miroir vous inverse, pas la caméra vidéo. Sur le tube
cathodique ce n'était pas moi à l'envers mais moi
vraiment, dans le bon sens et pourtant quelqu'un d'autre que je
percevais amputé de quatre sens (l'image était muette).
Mais pour ma défense il faut ajouter l' éternelle
défense-ritournelle: mon père était mort depuis
un an déjà et j'en savais plus long que certains vieux
sur la REALITE
de l'absence,
l'absence du Père (comme on dit en psychanalyse) l'absence du
père éternel, l'absence de
Celui-qui-n'est-plus-là.
Un chien virtuel en 3D sur holoscreen, tactile et parfumé, ne vous mordra toujours pas; c'est CELA le principe de réalité; celui du coup de marteau sur le doigt, celui des brodequins qui cassent les genoux. LE RESTE est LITTÉRATURE. A M E N
-
.......MMal
texte perversion censure forum
oralité
avatars.limites
asymptote
_ J'ai décidé d'avoir pour écran informatique une toile blanche de cinéma définitivement verticale et d'écrire avec un simple clavier hf sur mes genoux au fond d'un fauteuil. L'ordinateur est ailleurs dans un coin, loin derrière, invisible comme la voix des parents morts qui sussurent aux oreilles des enfants.
- Un autre moyen consistait à placer le projecteur vidéo au plafond et à projeter sur un dallage blanc mat de telle sorte qu'on puisse projeter les mots par terre comme Pollock éjaculait sa peinture sur la toile horizontale.
_ Il y a un mois j'ai lu un livre scientifique truffé de notes en bas de page pratiquement constituées, non de références bibliographiques, mais de références internet http:// étrange norme non évaluée.
- Après le cinéma, la télévision, les game-boy, les ordinateurs portables et leur couvercle qu'on ouvre comme une conserve, les téléphones portables et les publicités sur écrans géants dans les villes (aux Etats-Unis et à Nantes) la lecture horizontale du livre que pratique naturellement les enfants couchés par terre, les jambes relevées ou les lecteurs du soir, fatigués d'être debouts, deviendra peut-être désuète: tenir un gros livre en l'air dans mon lit me rend malade.
- Je me suis toujours demandé quel livre pouvait bien lire La lectrice de Fragonard? le petit doigt levé comme si c'était une tasse de thé, avec un coussin derrière le dos pour accentuer le confort, l'endormissement des paupières baissées par timidité (la lecture n'est-elle pas un plaisir solitaire),avec
un
éclairage de face qui devrait laisser les pages dans l'ombre,
dans un angle de chambre comme si la méridienne était
tournée à l'envers pour devenir presque un lit ou une
"dormeuse" de Louis XV.
©
FRAGONARD
1772
- "Nous les dupes de la nature" avons bien du mal à voir ce qu'on nous met sous le nez même si c'est "le cadavre du père" qui se dresse devant nous.La fabuleuse facilité avec laquelle on peut faire jaillir hic et nunc l'image-preuve de ce que l'on avance ne fait pas reculer d'un moindre pas la monstruosité de l'absence.Internet fait croire à la simultanéisté conquise.Il y a eu L'enfer de Barbusse, La confession impudique de Tanisaki et il y aura peut-être un jour un roman-électronique avec web-cam invisible dans l'intimité d'une chambre secrète.Tout mystère sera un jour levé: on verra tout sur presque tout mais sans la reconquête du dissimulé on aura pas avancé d'un iota.
Mais du
même coup ce que j'écris me fait penser à
l'affreux constat de Sartre qui "accuse" le poète de
"témoigner,
par sa défaite singulière, de la défaite humaine
en général".
- Je me demande si l'écriture électronique n'est pas la plus appropriée à l' introspection, à la plongée dans les fosses abyssales du sub-conscient, à l' under-water amniotique, à la noyade séreuse de l'esprit. A peine le texte est-il figé sur l'écran qu'on peut l'en effacer intégralement en même temps qu'on le laisse se diluer dans le réseau comme un bon virus, un venin dont il faut à tout prix se décharger au risque d'hériter d'un cancer à force de "ravaler sa salive". Je pense souvent à Fritz Zorn" mort d'un cancer à 32ans, dont le nom signifie "colère", et dont le véritable nom était "Angst", qui veut dire"peur". Et c'est en effet la peur, peur de la relation, de la violence des sentiments, du conflit, du corps, du désordre, qui gouverne le comportement de cette famille:
"Bienveillante était notre attitude à l'égard de la vie, très bienveillante même; nous la considérions avec bienveillance, cette bienveillance qu'on témoigne à un rhinocéros ou à une girafe dans un zoo. De fait, il suffit de dire que nous considérions la vie; simplement, être dans la vie, cela, nous ne le voulions pas."
- Beurk, crachent les éditeurs, le livre est noble et pur, c'est un bel objet, alors que le web est impur et virtuel: il n'y a personne pour faire le tri de ce qui doit ou ne doit pas exister.
Le
Grand Modérateur sépare les cailloux des pépites
d'or et l'on se retrouve avec un lien sans réponse.Il existe
des listes de livres épuisés mais les livres
épuisés existent. Il existe des liens morts non
trouvés par les moteurs de recherche mais la matrice mise
à part (carte ou disque dur) aucune chance de rien trouver sur
la surface des disques effacés.
Je me plais parfois à imaginer un bel e-book, encadré
plein cuir et doré sur tranche, reposer sur un lutrin
d'ébène et faisant office d'une bibliothèque de
3000livres. Un livre-papier vaut-il le prix d'un arbre abattu ?
L'électronique contribue à décupler la
saturation de l'édition alors qu'on savait déjà
qu'on publiait "trop" de livres. Je n'aimerais pas céder
à la facilité. Ce n'est pas parce qu'on se juge
soi-même qu'on est forcément laxiste.
On sait bien qu'un enfant de moins de 18 ans n'ira pas acheter et encore moins lire intégralement (même si son prof lui demande) Les chants de Maldoror,ou Le château de Cène ou La philosophie dans le boudoir comme nous le faisions il n'y a pas si longtemps entre deux revues de Penthouse; par contre tout le monde a toujours peur que ce même enfant aille courir sur la toile à la recherche d'interdit confondant virtuel et réel, images et littérature.Les écrits et les images peuvent tuer avec une dérisoire facilité sous les feux de la rampe informatique.Le paradoxe est que plus la publication est libre et privée de censure moins les auteurs se sentent responsables. Il est vrai que depuis un certain temps déjà les éditeurs s'étaient laissés aller à publier de la pornographie avec fracas médiatique à l'envi.
L'électronique n'est jamais que la chimie de l'électricité. Le sang coule du corps par la plume de l'écrivain qui peut gratter sa page jusqu'à son dernier souffle. Les électrons bombardent les écrans et fusent dans les circuits et les processeurs comme ils faisaient se dresser la créature de Frankenstein divinement foudroyée.Je connais bien des écrivains qui refusent même l'idée du simple traitement de texte, bien des éditeurs qui refusent les tapuscrits, bien des littéraires pur sucre qui refusent même de taper sur un clavier et de cliquer. En revanche je connais peu de scientifiques ou d'amateurs de sciences qui ont peur d'un ordinateur et encore moins du net qui devient vite leur première source d'information.
- Etude et conception de biopuces cellulaires pour la croissance guidée de faisceaux de neurones : le projet consiste à construire une biopuce à cellules permettant l'étude comportementale de populations de neurones.Il s'agit d'exciter des faisceaux de neurones immobilisés et en
croissance guidée ex-vivo sur une puce électronique.
Et si un jour maudit les savants fous de la Silicone Valley réussissaient à télécharger leur conscience sur un super-disque dur ? Le D.A.M, la Direction des Applications Militaires du CEA vient de commander à une grande société un superordinateur d'une puissance supérieure à 60 téraflops (soixante mille milliards d'opérations par seconde). Installé dans le centre de Bruyères-le-Châtel, ce superordinateur, qui sera mis en fonctionnement mi-2005, placera la capacité de calcul du CEA dans les premiers rangs mondiaux.
- Je ne
sais pas si la littérature tue mais je viens d'entendre aux
infos qu'un homme en a soudainement poussé un autre de 30 ans
sous une rame de métro qui entrait dans la station. Le
"Démon" de Selby était en lui qui pousse les hommes
à commettre des actes de vengeance gratuits. Gide le faisait
faire aussi à un de ses personnages des Caves du Vatican en y
incluant le hasard des nombres.Combien de fous ont péri suite
aux électro-chocs?
- Toujours aux infos j'ai entendu que deux jeunes filles s'étaient suicidées à cause d'internet.
Les snuff-movies ont cessé d'être une légende urbaine: on "trouve tout sur le net" se disent les jeunes lycéens entre eux, "tout? cela veut dire quoi?
- "Tout" , "le pire et le meilleur, le sexe en direct, l'argent, "money" en forme de casinos virtuels ou de cours boursier pour golden-boys très branchés, la violences des tarés terroristes qui décapitent ou étrangle face aux web-cams et la tentation de la Grande Salope, le mort et son cortège d'absurdités.
Ainsi Brandon Vedas était un jeune américain lambda, élevé à coups de psychotropes et de Coke. Il avait seulement 21 ans et vivait encore chez ses parents en Arizona. Il travaillait comme assistant en informatique à l'université.
Brandon est mort le 12 janvier 2004, vers trois heures du matin. Ses dernières paroles furent confiées dans la nuit sur un canal indépendant : "I'm fukcin".Car Brandon est mort en direct sur Internet.C'était la nuit du samedi au dimanche. Comme toutes les nuits, Brandon est connecté sur le net sous son pseudonyme habituel "Ripper". Cette nuit-là, il était sur un canal où se rencontrent des ados en quête de discussions sur les champignons alucinogènes.Il a réuni sur son bureau toute une pharmacie. Benzodiazépine, Bêta-bloquant et narcotiques. Il allume un joint et invite les hôtes du site à se connecter à sa webcam.Le spectacle peut commencer.Il va tout de suite être encouragé par ses camarades.
Mais bon, ne rêvons pas: il n'y a pas de poisson dans l'eau pure.Surfer sur le net, c'est nager en eau trouble.
- Le journaliste scientifique de 37 ans Ivan Noble, qui tenait un blog sur son quotidien de malade atteint d'un cancer au cerveau, s'est éteint lundi 31 janvier 2005, deux jours après avoir décidé d'arrêter ses chroniques sur le Net.
NB:
certaines femmes diffusent leur accouchement on
line.
- La
richesse du web en fait sa misère. Les images et les textes
sautent aux yeux des innocents car ils croient que le clic trop
facile est gratuit. Il paraît qu'il y a des millions d'appels
à l'aide sur le net, des millions de
S.O.S
HELPE ME
sans jamais aucune réponse.Les forum et les blogs sont tout
sauf des journaux intimes. Le journal intime que l'on dissimulait
sous le lit ou sous une pile de linge dans un tiroir était
véritablement caché et non public même si le
diariste espérait toujours en secret être lu et compris
un jour.
Effectivement, les gens (les ados plus que les vieillards, cela va
sans dire) s'expriment au sens propre comme on fait sortir le jus
d'un citron: le liquide se répand de par la toile mais cela
n'émeut personne. Les bouteilles jetées à la mer
ne sont ouvertes à temps que dans les légendes.Les mots
ne se comptent plus qui signifie la poubelle,
les indésirables, le rebut.Donc
Clémence et Noémie (14 et 15ans) se sont jetées,
écrasées et tuées du haut d'une falaise de
Sangate après avoir écrit qu'elles allaient le faire
sur leur blog. Internet n'est pas virtuel mais anonyme, anonyme comme
la foule de la rue (dont nous connaissons le nom de certains) et ce
qui se passe dans la rue nous regarde tous, nous concerne tous
même si l'heure est à la nouvelle indifférence,
au chacun-pour-soi: le Nouvel Ordre de la Peur.
- Je me
souviens d'une époque où adolescent je voyais plusieurs
fois par mois aux infos de la télé des images "live" de
bonzes qui s'aspergeaient d'essence et se suicidaient par le feu
devant la foule amassée et les journalistes qui filmaient.
Cela
était terriblement dissuasif pour nous, pauvres Occidentaux
sans foi ni loi, et cela était censé faire
réfléchir le monde. Certains militants essaient encore
la grève de la faim mais l'hôpital les
récupère à temps.Chez nous
Grand
Frère
ne tolère plus qu'on se suicide pour des causes communes: cela
fait désordre.Les gens peuvent bien désespérer
et en mourir, du moment qu'ils le font en silence: l'
ETAT
ferme
les yeux. Alors, pensez bien, les déprimés du net, ils
peuvent bien lancer des bouteilles dans l'océan du web et
envoyer des e-mails dans le ciel pourri d'ondes radio, cela ne
dérangera aucun gouvernement: au contraire; on peut même
penser que cela rapporte gros aux FOURNISSEURS.Les
SMS de désespoir font tomber autant de pièces sonnantes
et trébuchantes dans l'escarcelle des
télécommunications de tout réseau que les
messages d'amour.
Les suicides de la population de 60 ans et plus représentent plus de 30% du total des suicides.
Les vieux s'ennuient et souffrent et le suicide existe. Il y a 10 fois plus de suicides chez les plus de 65 ans que chez les 15-25 ans ; 4,4 fois plus de suicides chez les vieillards de 85 ans et plus et 3 fois plus de suicides chez les personnes âgées de 75 à 84 ans que chez les jeunes de 25 à 34 ans. La France n'a plus rien à envier au Danemark et devient le 2eme pays en Europe où on se suicide le plus avec 16 000 déclarés par an, dont 3 200 vieillards.
Quand on a 92ans on ne téléphone pas à S.O.S amitié pour dire, j'ai envie de mourir: on dit: je vais le faire. La dame du troisième a rangé ses affaires, ses chaussons à côté de la porte d'entrée, posé son sac à main en évidence sur la table de la salle à manger, a avalé tout ce qui lui restait comme médicaments délivrés uniquement sur ordonnance puis s'est allongée pour toujours bien droite car il y a bien longtemps qu'elle ne peut plus dormir dans la position fœtale.
Mais il
ne faut pas oublier dans tout ce fatras de cadavres que les vieux qui
voient encore assez et ont les doigts assez agiles pour faire de l'
INTERNET
ne
sont pas légion. A cet âge on n'a même plus la
force de lancer une bouteille à la mer et encore moins de se
fatiguer à créer un BLOG-SANS-ESPOIR.
Les
articulations sont rouillées, le cœur n'y est plus,
l'âme est ailleurs.Le terrible incipit du
ressassement
éternel
.me
revient à la mémoire.
- Pourquoi dit-on que la toile du web est trop vaste et propose trop de textes édités?
40 000 livres publiés par an en France: sont-ils vraiment tous lus? je me réserve le droit de feuilleter un livre, sans même le casser à l'étal d'un libraire, sans l'acheter. Je me réserve le droit de picorer des bribes de textes sur un site et de raccrocher la connexion si je veux. Le danger n'est pas pire.
- Autre chose distingue l' é-criture de la littérature-papier (un jour il y aura des screenophiles, collectionneurs d'écrans plats ornés plein cuir et dorés sur les bords avec des micro-touches tactiles en diamants) c'est le pouvoir soporifique de l'image vidéo. Le texte réveille: il force à une perception pointue et active, alors que l'image (surtout si elle flotte comme une flamme avec des lettres qui tremblotent et qui vacillent à en faire tomber le texte fou) force à une perception diffuse et invite à la rêverie et la somnolence. On se plante le regard vague devant une image comme une veuve devant une icône orthodoxe.
- Pas plus net que le net: il n'y a finalement, pas grand-chose de bien et Google n'arrive pas encore à la cheville de la Britannica; à part Kel Coût et à Meilleur Prix.com ... ?
- Le problème est que jadis tout le monde en balançait des bouteilles à la mer, même dans le caniveau et qu'elles ne voguaient pas bien loin MAIS aujourd'hui au XXI eme siècle les chants les plus désespérés sont mis dans les plus beaux flacons à la vue de toute la planète branchée: RIEN N'Y CHANGE - Silence radio - Black-Out ... PAN!
Peut-être
que le Net-e-lectronique n'est pas le meilleur moyen? Les jeunes
diaristes à bout de force prêchent dans le désert
jusqu'à ce qu'ils fassent reset sur leur machine qui brille de
toutes les couleurs pour afficher
Et
si on recommençait à se parler, à frapper aux
portes, à se mettre à sa fenêtre pour gueuler son
texte dans un entonnoir en carton, à coller des affiches
de 6m X
4m
avec un TEXTE
et pas du cul ?
-
On entend dire aussi:
"Ah! moi Internet cela me dégoûte; on ne peut pas
chercher un truc sur un moteur sans tomber sur une horreur!" Mais ne
sont-ce pas ces mêmes images et textes obscènes qui
fascinent et attirent tant de jeunes? La "protection des mineurs"
Grand-Frère n'en a rien à faire, alors c'est aux
parents d'inventer des clés, des censures, des interdits, des
portails fermés ... comme mon oncle cachait ses revues pornos
sur le dessus de l'armoire à glace. Mais les Hollywood aux
sexes floutés c'était pas tragique.
Décidément, les images et les icônes sont
dangereuses.
Le terrible de l'image c'est que les gens ont toujours tendance
à penser qu'elle ne ment pas. Les images ne sont pas plus (A
PRIORI) pas moins la vérité que les mots écrits.
Quand j'étais étudiant on me tançait toujours:
"Vérifiez vos sources". L'écriture électronique
rejoint plus la tradition de l'oralité que le reste.
La vitesse
(toujours plus grande) a supprimé le lent voyage de la
réflexion
car tout le monde n'est pas un universitaire savant et
précieux. Dans le moindre lycée les e-books fascinent
les élèves et on les voit, un "livre
électronique" à la main, comme s'ils jouaient à
un jeu vidéo. Alors tant mieux, si on les voit un jour se
pencher avec autant d'avidité sur LA littérature: peu
importe le flacon ... Les éditeurs ne sont pas que des
marchands de papier: ils véhiculent du savoir, de l'art, de la
littérature et peu importe le moyen de transport. Et puis,
quand bien même, les deux survivront: papiers et pixels. Le
cinéma a bien cru (et même Godard) que la
télévision allait le dévorer. Maintenant, la
Télévision produit des films de cinéma, et le
cinéma vient chez les spectateurs sur grand écran, at
home. Il est évident que les "pauvres" en sont
écartés mais ils l'étaient déjà du
temps des Cabinets de Lecture et du Cinématographe des
origines! Et puis grâce aux grands écrans plasma
fabriqués en Chine par des "semi-esclaves" sous-payés,
le phénomène va se démocratiser dans la vieille
Europe.
- Scarification, cutting, piercing, tatouage, écriture ... blessure ... marque, mémoire
sur la pierre, sur
(qui n'est pas plus épaisse qu'un parchemin quand un char de
guerre la lamine). Quand j'ai très peur d'oublier quelque
chose, après l'avoir noté sur un "bout de papier",
mémorisé dans un "palm", je me l'écris au stylo
sur le trapèze de la main.
- Ce matin, en passant devant
l'entrée-sortie du cimetière, avec Petit Prince qui
chantait en allant à l'école sur la radio de bord de la
voiture, j'ai malencontreusement aperçu une jeune femme qui
tirait sa petite fille par le bras car elle avait l'habitude de
"couper" par le jardin tranquille pour gagner du temps. Mais l'enfant
voutée avec son sac sur le dos, criait à chaudes larmes
pour je ne saurais jamais quelle raison: rien de grave, sans doute?
Le jour, tout est silencieux, dans ces endroits là, comme sur
un écran TV couvert de neige (parasites blancs, pour les
jeunes qui n'en ont jamais vus) et, soudain la nuit, le moindre
froissement de feuilles (d'arbres) est assourdissant. Toujours est-il
que j'ai un peu levé le volume sonore (la nuit me surprenait
en pleine lumière) et que je me rassurai en vérifiant
dans le rétroviseur si le petit garçon n'avait rien vu
car dans l'arrière boutique de mes sales pensées, je ne
pouvais me retenir d'imaginer des chuchotements venus d'Ailleurs, du
côté des Out-siders. Le soir même un Golden Boy
faisait le chemin inverse et donnait aux pierres levées des
airs de building. Surtout qu'aujourd'hui, l'An Nouveau de la
Révolution Numérique, on commence à faire des
monuments aux morts avec des listes de noms de remerciements et
autres fadaises qui défilent sur les Dalles en lettres bleues
(vous savez la couleur universellement
préférée). L'avantage c'est qu'en cas de panne
du système d'alimentation la dalle reste aveugle. Le papier,
parchemin et autres palimpsestes compris, c'était du
véniel, du périssable: les DVD nous dit-on c'est du
pérenne! Encore une Babel Gate à mettre par terre.
- Non, je ne suis pas assez fat, comme certains papes de la littérature électronique, pour prétendre graver mes palabres dans un misérable Disque Dur d'hébergement, sous forme de caractères numériques, virtuels et indestructibles. TOUT EST POUSSIERE D'ETOILES, même les Archives protégées par des caissons en titane (cf sur une autre page html, le nouveau sarcophage de Tchernobyl, les 4000MGW de la porte de Kiev) TOUT EST EPHÉMERE à l'échelle de l'Univers, que je peux "comprendre" mais jamais embrasser.
- J'aimerais désapprendre l'ordinateur comme Rimbaud cessa d'écrire.
Avoir la vertu de se taire
abandonner le Nouveau Commerce pour retourner à
l'ancien.