Work in progress - Work art -

Net art - Art pas net (comme dit la chanson: "j'ai jeté les jumelles pour ne garder que le flou.")

Consigne impérative: pour que ce site fonctionne véritablement comme un "work in progress de littérature fractale et interactive" il vous faut lever au maximum le niveau du son, supprimer vos barres de menus et naviguer  avec les liens, les icones (images) qui sont aussi des "renvois".

Définition à laquelle on se doit de se plier et de faire une génuflexion respectueuse devant les Pré-curseurs du Net Art: "oeuvre conçue spécialement pour le support/medium, en exploitant les caractéristiques intrinsèques: l'espace, le temps, le

changement, la résolution de l'antagonisme processus vs. produit."

 


Bibliothécaire, je suis habitué à prendre les livres-papiers au pied de la lettre. Composer pour chacun une notice informatique, coller des étiquettes, attribuer des cotes et des références, désigner une travée puis un rayonnage, bref naviguer dans un réseau de significations.

Comme toute oeuvre de littérature "électronique" celle-ci aussi est un "Transitoire Observable", une composition hypertextuelle-multi-média, hic et nunc qui devra évoluer à la vitesse de la technologie si je ne veux pas me retrouver avec un 78 tours sans Gramophone - MAIS ON PEUT TOUJOURS REMASTERISER.
Personnellement, je ne ferai JAMAIS reporter mes oeuvres cinématographiques sur pellicule vers un support Vidéo Numérique.
Quand mes projecteurs cinématographiques auront rendu leur âme aux frères Lumière eh bien ces films seront devenus sans images, sans sons, sans sujet ... sans objet. Et pourtant les bobines de films soigneusement conservées existeront toujours - sans visibilité - COMME un tableau caché sous un drap, comme un work in progress.
         La représentation de l'écriture électronique est contingente, mais pas plus que celle d'une oeuvre musicale: entre un Tépaz et une chaîne Esotérique il n'y a guère de rapport et encore moins avec un orchestre acoustique.
Mais peut-on se contenter de cet état de fait? Les vendeurs d'Auditorium de haut de gamme ne vous parlent que de restitution et pas d'audition.


Ce 9eme art informatique est tout de même beaucoup moins aléatoire que le 7eme art (du moins quand on le pratique). Les nouveaux cinéastes ont tout intérêt à se mettre au parfum de la Haute Définition et bientôt de la vidéo 3D. Ecriture numérique / cinéma numérique (LCD, DLP, Plasma) ... j'ai dans mes tiroirs une lettre manuscrite de J.M.G.Le Clézio à propos de laquelle mes amis me disent qu'elle sera bientôt "invisible" car l'encre mauvaise s'estompe à la lumière ...  et alors si on laissait mourir les choses aussi condamnées à disparaître.
      Ce n'est pas parce que nous sommes nous-mêmes INCONSERVABLES, mais bio-dégradables, que nous devrions tout protéger du passage du temps (et de l'évolution technique) qui n'est lui-même que de l'espace transformable. 

        Ainsi j'écris en HTML car je sais que c'est le plus simplement répandu, en images JPEG ou GIF, en sons MP3 ou Wav ... et le jour où il faudra changer, je troquerai mon porte-plume Sergent Major contre un roller Faber-Castel ou un Cross (on me disait déjà que le crayon de bois s'effaçait).

Mais oui, je veux bien laisser mon oeuvre (travail artisanal de Franc maçon du tour du web) aux aléas de la réception selon Jauss.

Il y a toutes les raisons valables pour que la restitution de mon oeuvre ne soit pas fidèle à mon idée de départ  et ne soit pas la réplique de mon rêve d'auteur. Ce qui me semble terriblement prétentieux et divinement orgueilleux, c'est de prétendre être lu exactement et compris exactement (no comments).
La communication parfaite (sans parasites dans le medium) est une utopie d'universitaires qu'on appelle autrement: "COMMUNION" ou communauté tacite (selon moi) - les silences comme en musique, en disent parfois très long.

En bref, ne se cacherait-il pas derrière tout cela une terrible angoisse de l'effacement?
Alors que de toute éternité il a été programmé que tout devra être effacé: Pyramides comprises.

Que l' oeuvre puisse être perçue, décriptée par ma succession (enfants, amants ou amis) soit. Mais franchement, la pérennité chère aux conservateurs de musées n'a d'importance que pour eux et le Ministère de la Culture qui veille sur l'Héritage. Je ne suis pas certain que l' Urinoir de Marcel Duchamp et que nombre d'oeuvres du 1er au 9eme art auraient dû être pieusement conservées sous cloche.

C'est dans L'écriture et la différence que Artaud et Bataille ont conduit la révolte contre les fondements  de la métaphysique et qu'ils ont plus ou moins réussi, grâce à une volonté de transgression que je veux essayer de prolonger (à mon humble manière).

La crise du livre pose un problème fondamental qui doit nous conduire à scruter la signification de la métaphysique, qui repose tout entière sur un rapport du dit et de l'écrit. Ce n'est pas seulement la métaphysique, mais les champs du savoir qui sont commandés par l'interprétation occidentale de l'écriture. Un livre pour nous c'est une suite de lignes qui s'efforcent de représenter une parole première (au début était la littérature orale),proche de la pensée parole à voix basse).

 Par là Derrida s'oblige à se tenir dans une position inconfortable. La limite n'est pas une fin ou une mort. Kant, déjà l'opposait à la borne, en ce qu'elle peut nous révéler certaines choses sur ce qui nous limite. Déconstruire la philosophie, ce sera découvrir un certain " dehors " qu'elle a refoulé et interdit. Autrement ECRIT, une façon de réinventer la psychanalyse.

    Je préfèrerai donner de l'amour et à manger aux enfants qui meurent dans le plus parfait anonymat plutôt que me préoccuper de comment une littérature électronique aussi belle soit-elle sera toujours lisible dans 150 ans. Quant aux aveugles sourds et muets ... la technologie peut s'occuper d'eux. Grace aux bio-puces les aveugles verront et Big Brother accomplira ses premiers miracles.
Certain qu'avec un pareil discours les prolétaires du texte et pas les écrivains prolétariens, n'iront pas s'y frotter et doivent échanger le stylo-bille contre un clavier, même made in China. Mais bon; qu'ils se rassurent: l'espace, le temps, le changement, ils doivent pouvoir trouver ces produits un peu partout. Les SMS avec des gifs animés de filles nues qui se trémoussent c'est du déjà passé. A l'heure où j'écris les gamins mettent en réseau sur leurs téléphones mobiles des snuff-movies. Les viols collectifs seront bientôt au hit-parade. Vive la technologie et ceux qui encaissent les dividendes.

Il va falloir que je mette de l'ordre dans mes idées confuses... dans mes sales pensées.

Puis-je jamais espérer une plume libre comme un "marteau sans maître"(1)

(1) c'est le marteau du piano sans métrique.

L'ordre dans le désordre un peu comme l'anarchie est l'Ordre moins le Pouvoir, c'est une question de pertinence.

Mes vieux manuscrits me font penser aux vieilles petites gares de campagne désaffectées et envahies par la "nature qui a repris ses droits"(comme disent les braves gens) avec des "roues usées" et des "lignes mortes" à la Eluard ... des marteaux de machines à écrire qui ont perdu leur maître et des lignes d'encre effacées par le jaunissement du temps. On se presse à scanner les anciens parchemins qui tombent en poussière.

On en a inventé des choses pour retenir tout ce qui s'en va, emporté par le vent.

Par l' écriture électronique on peut enfin organiser la mise en forme - textes, images et sons - et en circulation (réseau) pour exercer une "fausse" mise à nu curative comme le funambule se lance à pas de souris sur le fil du rasoir. "L'objeu" dont parlait Francis Ponge, enfin prend corps; le jet de l'objet "dans le jeu", le bol cassé des mots. Le retour du jeu dans la parole morte d'être dite (mais pas écrite) un peu comme dans une psychothérapie . Le "métier" (qui n'en est pas un) d'écrivain, rétribué par l'éditeur, se transforme en celui d' E-CRITURIEN, même pas rétribué par le fournisseur d'accès et cela pose du même coup la question de la propriété et des droits d'auteur.

Un linceul n'a pas de poche et il vaut mieux pour vivre, faire un vrai métier.

Mes icones (icônes) sont comme des reliques qui témoignent d'un passé dont je me sépare sans jamais renoncer à m'en séparer. Ce sont aussi des "pièces à conviction" de folie et de délire durable. Ici, les images sont des doubles de la réalalité en même temps qu'elles sont des "imitations-métaphores" tragiques. Pas de littérature sans comparaison écrivait Robert Musil. Les icones électroniques peuvent être aussi cathartiques (purificateurs). Le virtuel n'est-il pas une imitation de la "réalité sensible?" (cf: le virtuel tactile).


Molloy, Malone et l' Innommable (peut-être mes véritables 3 sources avouables) aspirent au néant qui par l'écrivain finirait presque par prendre consistance. Ce serait bien qu'un jour, on se décide vraiment (et pas seulement les intellectuels) à interroger l' Extérieur comme résidu de ce que la société "politiquement correcte"rejette sans cesser.

Dieu est définitivement parti et absent, et on se retrouve là comme des idiots avec la mort dont on ne sait que faire. Le pire est certain et toujours à venir.

On peut encore errer dans les églises comme un chien fou qui est entré à l'intérieur sans le savoir et ne retrouve plus la sortie comme un poisson dans la nasse.

Quant au Nautilus il est peut-être fabriqué en sapin et capable d'emmener son équipage là où on se perd définitvement, là où se taire enfin vaut mieux que parler.

-------------------------------------------------Signé:Nehemo capitaine sans étoile