Je comprends seulement quarante cinq ans plus tard que je n'ai jamais vu personne mourir.Quand on voit le corps inerte dans la chapelle ardente, cest du déjà fait, du "ouï-dire". La mort commence là où le mourir finit.

Ils sont presque tous morts autour de moi, père, mère, grands-parents, beaux-parents, deux amis suicidés, deux amis morts sur la route, une amie morte à 33ans d'une maladie de cœur et incinérée, sauf qu'aucun d'eux n'a expiré son dernier souffle dans mes bras.Pourtant j'ai vu bien des animaux mourir, le sang gicler du cou du lapin, dégouliner du bec de la poule, affluer en abondance du cou du cheval, et trembler des pattes des chatons noyés dans le bassin de jardin. Alors, pensez, pensez donc à tous ceux qui ont réussi ce dont vous vous sentez incapable. Pensez à tous ces enfants impuissants et innocents morts après avoir été persécutés dans la plus totale ignorance du monde. Et tous ceux qui tombent dans les hôpitaux le crâne rasé comme des enfants-bagnards...

Les petits enfants comprennent vite que le sang qui coule du genou écorché ou du crâne fendu sur une pierre c'est de la vie qui coule mais qu'il faut l'arrêter avant de se vider comme un lapin.