JOURNAL D'UN FAUX JOUR

22 Mars 2099 TIME MACHINE La conquête essentielle du cinéma, c'est d'être « la matrice du temps », ainsi le travail de Tarkovsky par exemple consiste à « sculpter le temps »

 

Voici quelques lustres, au XXeme siècle, une feuille de journal qui volait dans un parc était un augure pastoral de déjeuner dans l'herbe; aujourd'hui une feuille de chou jaunie qui s'affale sur le trottoir est signe de blasphème envers la divinité toute nue sortie du puits.

Qu'ai-je enveloppé dans la feuille du journal d'aujourd'hui?

Les têtes de poisson à mettre à la poubelles ou les idées périmées?

A moins que ce ne soit le chien, couché dessus dans le fond du panier en rotin?

Et tous ces articles qu'on aurait dû lire et qui nous auraient tant appris sur le monde

mais moins peut-être que ce que l'on a jeté dans la rivière.

Demain l'eau verte et saumâtre reviendra, la même et sans cesse renouvelée avec des journaux sabordés par les Autres.

Personne ne lit plus jamais les nouvelles: désormais, la Une titre la climatologie (jadis appelée météo) et les vidéo-sat (jadis appelée cinémas). Le climat change de semaine en semaine et chacun se tient très informé tous les lundis. Le mercredi, Mercure et jour de guerre, les diffusions satellites sont changées et les salles entièrement robotisées, sans ouvreuse ni projectionnistes diffusent le même programme dans tous les pays du monde, des films chinois et indiens (hormis en Afrique). Le drame des hyper-plasmas c'est qu'ils ont chassé le noir des salles "obscures"; et puis il y a toujours ces petites étincelles venues de l'incandescence des bouts de cigarettes des fumeurs autorisés par toutes les sociétés de vidéo-diffusion tant les systèmes d'aspiration et de ventilation intégrés à chaque fauteuil sont perfectionnés.

Il n'y a plus d'étoiles au plafond du Grand Rex mais des objectifs à la Big-Brother, planqués dans des boules fluorescentes pour impressionner les plus jeunes spectateurs.

Même les informations de l'ancienne Oméga-Ville ont disparu des grands écrans partout perchés sur la moindre façade aveugle. Les Métro-pubs s'affichent à un rythme syncopé dans lesquels les images subliminales ont été légiférées et quantifiées. Parfois, dicté par les statistiques des Hyper-hôpitaux, défilent des messages du genre: "Vous avez envie de parler!? effleurez les touches XYZ 3915" ou alors "Un nouveau pays vient de rétablir la peine de mort pour les mineurs de moins de 16 ans ... puis un grand soleil jaune surgit du noir pour annoncer qu'il fera peut-être beau demain (les plus puissants ordinateurs n'ayant jamais résolu la prévision de la météorologie).

Les nouveaux virus sautent de l'animal à l'homme comme les singes d'arbre en arbre. Les vieux masques blancs des années 2000, aussi ridicules que les vieilles capotes en plastique contre le VIH, ne sont plus en vente que dans les New-Kitcheries. Tout le monde porte des verres de contact et des micro-filtres greffés dans les narines.

Il paraît qu'à la page 3 du journal d'hier, juste après celle des sports et du nouveau score de la super équipe de Murder-ball de New-York, la télé-permanente du V.L.T a confirmé que la galaxie Andromède avait sa vitesse qui continuait d'augmenter et qu'elle allait beaucoup plus tôt que prévu aspirer la Vois-Lactée ... et que, donc, nos océans allaient gentiment s'évaporer, et que tous les continents (y compris l'Afrique) seront grillés comme des tartines avant que les soleils et ses planètes disparaissent dans la bouche du trou noir.

Petit Prince m'a demandé de lui faire un avion de papier et j'ai dû prendre du papier-photo. C'est regrettable de ne plus avoir de journaux: j'aurais mis le nez de l'avion dans ma bouche et j'aurais souffler dessus pour mieux le faire planer.

Je me souviens même des feuilles que mes arrières grand-parents coupaient en tranches pour les enfiler sur une pointe dans les toilettes au fond du jardin. Aujourd'hui les wc vous lavent et vous chauffent le fondement sans rien vous donner à lire...

Les JOURNAUX LUMINEUX qui ravissaient tant nos grand-parents dans les années 60 ont fait leur réapparition mais cette fois-ci au fronton des Hyper-Banques (étant donné que toutes les maisons de Presse ont déposé le bilan) . La technologie des cristaux liquides permet des merveilles de définition et on voit même des filles nues se trémousser pour vendre les Nouvelles cigarettes "écologiques" sans composants cancérigènes mais avec une bonne dose d'anabolisants, pour tous les Monsieurs Muscle en puissance, et d'euphorisants pour faire baisser la consommation des anti-dépresseurs et pour augmenter la capacité des esclaves à lutter contre le Nouveau Mal du XXIeme siècle.

Quant aux cadres, ils font de plus en plus de sports, surtout ceux qui leur agitent les bras car depuis vingt ans déjà ils sont tous confortablement installés dans dans de profonds fauteuils avec bas- parleurs intégrés et micros adhésifs sur la gorge pour dialoguer avec des écrans-plasma-froids sous une lumière qui fournit un minimum d'UV puisque les bureaux doivent être impérativement obscures et climatisés, suite aux derniers accidents dûs aux micro-processeurs bio-électroniques. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a eu des "fuites de circuits" qui ont fait émerger de nouvelles maladies inconnues de Mère Nature. Les derniers des lumpen-prolétariens sont eux de plus en plus protégés par le Kapital Mondialiste qui leur fournit désormais des Maisonnettes préfabriquées en PVC made in ex-URSS en guise de logements de fonction avec jardinets dans lesquels, cachés derrière des palissades en même PVC, ils peuvent, moyennant interdiction de droit de vote, cultiver ce qu'ils veulent pour leur minuscule "bon-être", des champignons nouvellement autorisés et des herbes folles importées à bas prix par le Global-Internet-Entertainment" aux capitaux Luxembourgeois.

 

Au siècle dernier en 1991, couplant une puce à une cellule nerveuse, Un savant montrait qu'il etait possible de récupérer le signal électrique émis par une cellule dans un transistor. En 1995, il a réussi l'opération inverse : mesurer la réponse électrique d'un neurone à une sollicitation électrique émanant de la puce.

La consécration viendra en 2001 lorsqu'il franchit l'étape décisive : la première communication dans les deux sens entre deux neurones de limace de boue et un composant artificiel. Le tour de force est d'avoir obtenu un réseau hybride véritablement bouclé : un signal électrique partant de la puce a été transmis au premier neurone, qui l'a transmis au second neurone, ce dernier le renvoyant à la puce, qui a pu elle-même l'enregistrer.

Les marsiens ne nous ont pas attaqué mais nous pourrions le mériter.

Voici un mois, un étrange Objet Volant Non Identifié est retombé tel un météore faisant un joli cratère sur la jolie pelouse de la Maison Blanche. Mais non, ce n'était pas un attentat (le terrorisme ne se manifestait plus que de façon subliminale ou par le biais des désinformations ultaperfectionnées grace aux téloches-verrues que tout le monde avait sur soi, sur sa montre, dans son téléphone portable, en insert sur son ordinateur, sur son carnet électronique...) c'était juste une compression métallique tout droit sortie du four de la grande aciérie.

Et puis il y a deux jours un laboratoire spécialisé de la Nasa a communiqué qu'il s'agissait de "SPIRIT OF MARS" renvoyé très mystérieusement comme un boomerang.

Hier dans le journal électronique il y avait un article dans la rubrique "TOUT VA BIEN" sur les attaques renouvelées des bad boys encagoulés qui descendent le long des filins des mini-hélicoptères dans les cours d'écoles uniquement pour effrayer les enfants. Il y en a qui disent que ce sont des hommes du gouvernement.

L'article se terminait par : Ne vous inquiétez pas le GNL "Genetic New Laboratory" a isolé le gène du désespoir et l'a quantifié afin de pouvoir vacciner chacun. Extrait du W.P. "si la population cesse d'espérer, elle n'est plus manipulable..." on ne peut plus la gouverner, c'est devenu une barque folle...

Comme dit l'autre: "je croyais avoir tout entendu et tout vu; mais non. J'ai vu (sous la fore d'une femme fort respectacle et très diplômée) quelqu'un dire devant la caméra d'Etat, et ce à une heure de ménagère de moins de cinquante ans, à propos des enfants qui meurent de courte-longue maladie chez les enfants malades:

"Il y a même des enfants (on suppose entre 5 et 15 ans) qui peuvent attendre pour mourir que leurs parents soient prêts à accepter leur perte."

Savez-vous Doctoresse, qu'il y a des miracles de la psychée infantile qui sont de véritables horreurs dignes des camps de la mort !!!

A quoi ont-ils droit ces bébés morts avec effet retard? A une petite tombe blanche qui donc ne peut pas être en or? à un article argumenté dans une revue scientifico-médicale?

A une paire d'ailes supplémentaire au royaume des Anges (ce qui les rend encore plus ridicules).

J'espère qu'aucun enfant malade n'a regardé la téloche dans sa chambrette... surtout celui trop faible qui a dû penser: "pardon maman, pardon papa, je ne peux plus attendre: la mort a la gueule du masque de Scream mais le masque est rouge... on se croirait au moyen-age."

Il va de soi que toutes ces affirmations peuvent être vérifiées sur les programmes télé, via le net.

Tout ce que je souhaite à ce chèr Professeur c'est d'être capable d'être aussi forte qu'un petit enfant malade si elle a encore la chance d'avoir ses parents. Vous savez qu'on peut être orphelin , enfant et cancéreux en même temps. Dieu Nazi, laissez-nous soupirer.. Ben, non, il n'y a pas de danger que je vous laisse en paix, divines créatures... Elle tourne, ET POURTANT ;;; tout le monde s'en moque. Dormez en paix braves gens, jusqu'au jour de votre plus bel enterrrement. Carpe diem, comme disait le poète. J'ai connu un écrivain de feuiiletons policiers comiques, qui, sous son vrai nom, écrivait des merveilles ("LE MONTE-CHARGE") et qui se consolait de vivre dans une salle d'attente (du moment voulu - de la CONVOCATION, quand on ne peut plus parler) en dormant sous des baldaquins et en marchant dans des pompes de luxe... tout est bon, le tout c'est de trouver L'OUBLI, le népenthes quotidien..comme disait la bonne chanson de ma lointaine enfance "cigarettes, wisky et petites pépées..." Mais Grand Frère est passé par là et TOUT est rentré dans l'ordre... la débauche, le DEREGLEMENT PAR TOUS LES SENS que préconisait Rimbaud est mort et bien mort, sauf pour les DETENTEURS de l'OR et du POUVOIR. La moindre petite agence bancaire de centrum a des grilles en titane devant sa vitrine de glace sans teint et toutes les filles de l'Est qui jadis vendaient leur corps aux fumeurs de cigars sont rentrées mourir dans leur pays natal. Le Conformisme de l' Ordre Nouveau règne en maître absolu, toutes les normes sont respectées, aucun débordement accepté, aucune limite ne peut être franchie. "Une guerre civile larvée" titrent les journaux à propos de celle entre ouvriers et patrons invisibles. Parfois on donne aux "nouveaux esclaves" le choix de leur mort: un Revenu Minimal d'Indépendance ou la vie autharcique dans des Communautés en Friche. Il y a belle lurette qu'on ne voit plus personne fumer ou boire dans un film (baiser, parfois car il faut entretenir l'espèce pour la survie du système) et la nuit le Grand Sommeil Silencieux recouvre villes et campagnes. Le moindre bébé qui hurle est abattu comme un chien.

En relisant Beckett je retrouvais le terrible couple de Monsieur et Madame Rooney: "... si on continuait un peu à reculons? ... Oui.Ou toi droit devant toi et moi à reculons. Le couple idéal. Comme les damnés de Dante, la tête vissée à l'envers. Nos larmes arroseront nos fesses."

Etrange point commun avec la photo "irregardable" des mauvaises et sales pensées. Sans doute peut-on mourir de plaisir au point d'un orgasme violent qui fasse lacher le cœur mais on ne meurt pas de souffrance: Cela ne s'arrête jamais; c'est une autre idée de l'infini.

Contrairement à ce qu'écrivent bien des auteurs de Science-fiction de ce XXIIeme siècle, les musées ne sont pas effondrés telle la Maison Usher, mais ont prospéré à coup de Super-Sponsor Incorporation et toutes les grandes ICONES des siècles passés sont désormais sous cloche anti-radiations, y compris les 3 grandes Pyramides d'Egypte au même titre que la Tour Eiffel qui a failli s'effondrer plusieurs fois sous quatre charges de dynamite. Désormais les touristes Chinois et Indiens font le tour des Hyper-Dômes de verre et regardent les reflets comme dans "Play Time" le film de Tati.

- Je déteste de plus en plus cette manie qu'ont les passants de se mettre le pousse droit dans l'oreille et de parler à leur petit doigt. Les nouveaux ostéophones sont ridicules et n'ont qu'un intérêt c'est définir l'âge des gens. Seuls les vieux se voient obligés de sortir un micro-mobile et savent encore parler à voix basse. Les jeunes se beuglent dans la main comme s'ils étaient autistes mais il est vrai qu'ils n'ont rien à faire de la présence de l'autre considéré a priori comme un ennemi dangereux. Sur les trottoirs des écoles on voit des dizaines de bébés auriculaires accroupis, la langue en train de titiller leur petit doigt quand ils n'ont rien à dire.

- Et pourtant, me dis-je à voix basse, comme on baisse les yeux en rentrant dans une église (un temple ou une mosquée ou une tombe vieille de plusieurs millénaires) les enfants courrent toujours dans le pas de leur mère même en ce maudit XXIIeme siècle où personne n'a renoncé (hormis les ULTra-Féministes) à PRO-Créer pour la pérénnité de l'espèce humaine. Les enfants, les pauves enfants (je dis pauvres, car ce sont les plus démunis de tous les petits d'animaux sans aucune aptitude à se défendre et avec une infinie tendresse pour servir de réceptacle et punching-ball au monde-parent) sont eux aussi atteints de la terrible maladie de la "cruauté mélancolique"

La mélancolie, cette « bile noire » que les Anciens considéraient comme constitutive de l'être, occupait jadis une place de choix dans la Psychanalytique. Docteur Freud l'avait définie comme une destruction, marque d'un deuil impossible qui touchait à la structure même du sujet. Elle se manifeste aujourd'hui comme un emprisonnement dans la mort, un ressassement infini, une cruauté et une jouissance à l'endroit de l'autre et de soi-même, et va de pair avec une réduction des fonctions vitales au seul ordre de la survie. La passion, la toxicomanie, la violence, le désespoir politique et l'appel à la tyrannie sont les principaux symptômes de la terrible maladie.

- Non, il n'y arien de GOTHIQUE dans ce site: je vois d'ici certains se pencher sur le portail rouge et "diabolique" et accuser l'auteur ou le "webmestre" d'irresponsabilité onthologique en parlant d'enfer. Il se trouve qu'avant tout, je pense à ce que l'on appelle "L' Enfer" dans une bibliothèque: curieusement le lieu des damnés n'est pas à l' INFERieur mais souvent perché en hauteur là où les enfants ne peuvent les attrapper. Parfois, une chambre entière est consacrée aux livres maudits, derrière une porte rouge et blindée. A la Bibliothèque Nationale existe toujours une collection de livres "rares" (surtout érotiques du XIXeme) dont la cote est précédée des lettres: E N F E R. J'aime à penser, par lubie, que certains jeunes chercheurs croient encore à l'existence des des trois exemplaires de "NECRONOMICON" inventé par Lovecraft. Sade ou Cleland (Les mémoires de Fanny Hill) ne font plus rougir les jeunes chercheuses universitaires en quête de littérature sulfureuse depuis que la porno-graphie est en vente libre.

Alors, je rends au Gothique ce qui est à lui: la construction en moins d'un siècle (XIIIeme) des plus belles églises et cathédrales. Claude Frollo, l'archidiacre du roman de Victor Hugo clame sa célèbre sentence "Ceci tuera cela" et se fait ainsi l'avocat de la Galaxie Gutemberg" en invoquant le triomphe de l'imprimerie sur la Bible de pierre.

Mais les Stryges, gargouilles etChimères veillent encore au sommet des tours.

Le diable probablement, habite les livres et maintenant les écrans LCD.

- Quelqu'inconnu m'a envoyé un e-mail pour me parler des textes dans un style intellectuel et professoral mais en commençant paradoxalement par une présentation populaire: "T'es un fou toi!" et maintenant j'ai en mémoire que l'origine des mots fou et ballon sont les mêmes: plein d'air: "tu me gonfles!" - Quand j'écris, j'ai le souffle court. Souffler dans un ballon c'est quand même pour y mettre du vide comme l'imagine les enfants. Le texte est comme l'histoire: il est doloriste. C'est le mal être qui crée du texte, rarement le "bonheur".

Comme disait Lacan sans cesser, à la fin de sa vie et selon la légende: "Tous à l'asile!" (mental home, disent les anglais).

 

. S I L E N C I O