Pourquoi
il y a quelque chose et pas rien? ... j'aurais
préféré ne pas être né.
Tout écrire (et pas tout dire) dans un déshabillage aux limites du dicible... tout livrer, donner à voir (icones/icônes), scruter, spéculer. Le scaphandrier des profondeurs trouble sa propre vision à chaque pas trop lourd qu'il fait, pour avancer.
Noter sans complaisance...en se méfiant du style comme alibi.
La vocation de l'art occidental
après Auschwitz, dans le sillage de Maurice Blanchot.
(interdit thoraïque sur la représentation du vivant) et de la mystique chrétienne ou via negativa (impossibilité ontologique de nommer Dieu).
Hypertexte, hyperlivre, livre virtuel, U-blog.
Ce n'est pas une excavation mais une immersion.
Ouvrir une faille dans le livre imprimé et faire exploser la sphère du Volume.
Un livre pas pressé d'en finir, un work in progress sans point final, une écriture sans téléologie.
En titrant Ecriture électronique fractale je pensais à Deleuze qui envisageait "des fragments impossibles à totaliser, éclats primordiaux qui ne témoignent d'aucun tout."
Un livre toujours à venir et jamais advenu.
Je regrette que les anglo-saxons ne disent pas Biblary mais Library pour Bibliothèque (ce qui rend le français très évident)
quant au livre électronique il ne lui en reste plus que la feuille de pixels mais aucun volume refermable.
Ainsi Bootz en 1996 évoque et distingue les notions de "texte-à-voir" comprenant lui-même un "texte-à-voir-lu" et un "texte-à-voir-non-lu", et qui coexisterait avec d'autres "texte-lu" , "texte-lu-pressenti", "texte-à-voir-virtuel", etc. ... autant d'entités qui, à force de se vouloir plurielles, se singularisent à un point jamais atteint et qui ne nous paraissent plus pouvoir "jouer le rôle du texte classique", même si cette performance théâtrale est accomplie par un "générateur", comme c'est le cas dans l'argumentaire de Bootz.
"Ceci n'est pas une note infrapaginale orale" comme écrivait Derrida, mais un LIEN HYPERTEXTE, un brochage, une re-liure, un RENVOI avant ou après.
Et pourquoi pas une écriture de l'Eschatologie, hantée par le spectre de "l'être pour la mort."
Et pourquoi pas un site de thanatologie virtuelle? La pensée de la mort n'est pas la mort de la pensée ... bien au contraire. Notre angoisse est telle qu'il nous faut absolument l'évacuer pour vivre et tous les moyens sont bons: même les pires.
Mais l'angoisse est compréhension. Elle comprend d'une manière exceptionnelle la possibilité d'exister authentique. Je reconnais volontiers être souvent plongé dans le fameux "souci angoissé".
J'habite le monde (car on m'y a jeté) et la vie en forme de coquille.
On ne peut parler de la mort que par métaphore: à part le cadavre personne n'habite cette maison là.
Le médecin qui pratique une autopsie (pour voir de ses propres yeux) ne verra RIEN de la mort. Un croque-mort qui tous les jours attend dans son corbillard, l'ordre du maître de cérémonie d'enlever le cercueil du catafalque; en sait beaucoup plus long.
"La vie nous parle de la mort, et même elle ne parle que de cela. Allons plus loin : de quelque sujet qu'on traite, en un sens on traite de la mort ; parler de quoi que ce soit, par exemple de l'espérance, c'est obligatoirement parler de la mort ; parler de la douleur, c'est parler, sans la nommer, de la mort ; philosopher sur le temps c'est, par le biais de la temporalité et sans appeler la mort par son nom, philosopher sur la mort ; méditer sur l'apparence, qui est mélange d'être et de non-être, c'est implicitement méditer sur la mort [...]. La mort est l'élément résiduel de tout problème [...]. Tout me parle de la mort... mais indirectement et à mots couverts, par hiéroglyphes et sous-entendus. La vie est l'épiphanie de la mort." Vladimir Jankélévitch
Du jour, à 12 ans, où j'ai vu, de mes yeux vu, le corps mort du père aimé, je suis rentré dans une terrible somnolence, à force de penser à RIEN.
Au début était le Memex (Memory Extender). Il s'agit de tenter de reproduire le fonctionnement caractéristique de l'esprit humain en imaginant des machines capables de fonctionner par association et non plus selon le modèle classique de l'indexation. Il s'agit donc de pouvoir annoter tout type d'information. Ted Nelson (inventeur du terme Hypertexte) souffrait d'une forme extrême d'un syndrome affectant les capacités d'attention, perdant sans arrêt le fil de ses pensées.
Mais une fois, bien avant, on inventa le codex (formé de feuilles encartées les unes dans les autres et attachées en cahiers comme les livres contemporains) qui se différencia du volumen (rouleau). Et maintenant, d'un clic, je fais se dérouler le texte, je veux dire exactement : défiler de bas en haut ou de haut en bas comme on revient sur la trame du tissu, d'abscisse en ordonnée pour trouver la fovea du texte.