Les enfants, m'émeuvent par la
vérité de leur regard et de leur énergie
(même quand ils donnent des coups de pied), m'émeuvent
car ils sont terriblement
démunis,
m'émeuvent quand ils disent tout haut ce qu'il faudra
apprendre à penser tout bas, m'émeuvent quand ils
chuchottent, persuadés qu'on ne les entend pas,
m'émeuvent quand ils pensent au plus profond de leur coeur
qu'on peut se relever quand on a été mort,
m'émeuvent et m'énervent quand ils disent NON sans
cesser, autant qu'ils ne pourront plus jamais le dire quand il seront
grands.
Bientôt
les petites filles des mères grandissent et ne sont plus des
infantes, définitivement. Les petits garçons deviennent
de gros adultes bouffis d'impossibilité de n'être plus
enfants. Les enfants-filles s'éloignent et les hommes restent
béats ou s'enfoncent dans les marécages comme Tiffauges
(du nom du château de Gilles de Ray)
, Tiffauges porte-faix de
l'enfant porte-étoile.
Hommage soit rendu à un film débordant d'amour, de tendresse, de mélancolie (amnésie) et de fascination pour ce moment unique où l'enfance s'en va:
LES DIMANCHES DE VILLE D'AVRAY
un film de Serge Bourguignon 1962
I
remember: la petite fille s'appelait Cybèle, la jeune actrice
Patricia, comme l'héroïne du Lion de Kessel et la
musique de Maurice Jarre sublimait l'intrigue.
Etre encore un enfant c'est être capable de se perdre dans le temps et dans l'espace, être capable d'hurler de peur, de sauter de joie et de pleurer pour un rien, c'est être soi sans retenue, c'est être capable de retenir le monde autour de soi pour ne pas le perdre ...être capable de se relever quand "on a été mort"; être soi sans ambiguïté aucune, être capable de mentir de bonne foi, pouvoir hurler de peur pour un rien et pleurer pour tout et n'importe quoi, ETRE INCAPABLE DE PENSER A LA SOLITUDE AU MOMENT DE S'ENDORMIR.