Cela
ne sert à rien
de vous énerver (les choses ont toujours
été
ainsi) chut, pas de bruit, pas de
vagues,
la vie est
comme un lac. Carpe diem, souriez à la vie et aux
caméras
. Je veux bien croire à l' Epiphanie mais à
condition
qu'elle soit comme un trou noir imaginé par les
astrophysiciens et pas comme une lumière qui brûle
les
blancs et vous rend aveugle.
De
toute manière il
faudra descendre sous la terre, passer sous l'eau et
s'arrêter
à la dernière Station
à la dernière Mansion. Vous prenez la ligne 4,
vous
descendez métro Bonne-Nouvelle et vous remontez le boulevard
jusqu'au Grand Rex et vous entrez voir un film dans la grande salle
en regardant les étoiles au plafond.
"Ce
navire à
l'
,
tu peux couper la corde." (Desnos).
C'est
au détour d'une
boucherie vermeille et chaude que je l'ai vu monter sur le pont des
reviens-t'en. Le boucher sortait de son estafette de livraison, la
blouse blancvhe de chirurgien couverte de sang, une vieille femme
balbutiait une commande et parlait du mauvais temps. Quant elle
entra, même les mouches s'arrêtèrent de
bourdonner. Encore jeune et grande, elle était à
l'évidence l'Incarnation de la beauté. Jamais
plus
belle qu'elle n'avait franchi le seuil du commerce. Honte à
la
laideur du monde, semblait-elle murmurer dans un parfait silence:
"Deux bavettes, s'il vous plaît." Sa robe était si
longue qu'elle lui cachait les jambes qu'on devinait être de
faon. D'un ton fièr pour dire adieu elle
dévisagea
toute la boutique avec ses grands yeux noirs et disparut au premier
tournant de la rue. Pour en avoir le coeur net, je courus à
sa
suite et la vis monter dans une vieille voiture aux
côtés d'un chauffeur qui aurait pu être
son
père, son frère, son amant mais certainement pas
son
enfant.
Le
noir descend progressivement
sur les pectateurs et le rideau qui s'ouvre transforme l'horizon en
une grande toile de fond blanche sur laquelle viennent s'inscrire les
rêves les plus fous. Le premier d'entre tous fut un cauchemar
intitulé: "La bataille du rail" de René
Clément... en plan subjectif le condamné
à
être fusillé attend son tour au quart de seconde,
juste
après que face au vieux mur, ses trois autres camarades
résistants auront été "PASSES PAR LES
ARMES", je
veux écrire: tués et assassinés, et
fixe
obstinément, exaspérément, une petite
araignée (comme il en surgit la nuit des trous noirs au bas
des plinthes) qui a toute la vie devant elle pour tisser sa toile.
Etrange
présage
du web et du net.
Je
n'ai jamais su où
était la victoire de la mort (car il y en a bien une,
contrairement à ce qu'osent affirmer les intellectuels) mais
j'ai appris quand j'étais enfant dans quel espace se mouvait
l'absence comme un cloporte rempant.
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