Work in progress  LA VITRE ET LE GOUFFRE ou Surface et profondeur - la création étant la pertinence entre les deux, de même que l'écriture limite aurait un espace étroit entre la surface et les abysses -

Afin de ne pas écrire n'importe quoi il faut savoir que l'eau de l'océan absorbe tout rayonnement électro-magnétique et qu'au delà de 500 mètres de profondeur on ne voit plus rien de la surface. La lumière véritable, comme celle des créatures auto-luminescentes, ne peut venir que de la ténèbre originelle; c'est un fait et pas un oxymore. Des salamandres albinos nagent dans les eaux des grottes les plus profondes.

Depht (death) , area & the

Préalable: ne pas perdre de vue que nous sommes des êtres de surface, nous ne sommes ni des mouflons ni des calamars, nous sommes conçus pour vivre à 20° et au niveau zéro (celui de la mer). On pense et on se déplace à la surface du monde et après le corps s'enfonce dans la terre et l'âme s'envole au ciel; à moins que l'on fasse un arrêt sur image. Out of breath, Alors il faut parfois quitter la Pensée de surface, là où les bulles de la pensée des profondeurs viennent exploser dans la conscience. Quant aux ordinateurs qui nous gouvernent et nous surveillent, ils travaillent à la surface des cristaux de silicium qui les composent. La véritable intelligence artificielle n'est qu'un rêve de cristal.


La dialectique qui unit l'écriture par des procédés linguistiques et la question du sens profond est à l'image du Capitaine Nehemo.

Le verbe-ange substantiel devient le moteur du véhicule mais aussi du chemin sans horizon et toujours mouvant.

Emergeant de l'eau, le plongeur a toujours l'air de sortir du ventre de sa mère. Il lisse ses plumes, s'ébroue comme un chien et se roule à la surface des prés comme si au-dessus c'était mieux qu'en bas.

Ce qu'il faut réussir dans sa vie avant tout, c'est à iriser et rendre scintillantes les terreurs émergées du gouffre de Pascal et aussi à rendre sensible le tropisme solaire au fond des abysses. Edgar Poë a sondé ces fonds lugubres d'eaux glauques et mortes pour en faire surgir le périscope de la Raison qui résout les énigmes et nous écarte du gouffre menaçant.

Dans "Le Guignon", Baudelaire avoue:

"Maint joyau dort enseveli

Dans les ténèbres et l'oubli

Bien loin des pierres et des sondes"

Ce qu'il faut, c'est pouvoir plonger dans l' Innommable à la limite de l'impossible pour en émerger encore vivant.

La surface du monde ne révèle rien d'autre qu'elle même, coincée entre le vide froid du ciel et les entrailles solaires de la terre.

La surface de l'eau est comme une vitre qui accentue les limites de chaque objet. La transparence devient un "vide liquide".

Le nageur d' Elévation sillonne "l' immensité profonde".

La sonde échographique "mini-focus" balaye la peau humaine et donne naissance à une image 3D de l'organe malade.

Le papier du livre Gutenberg était la surface de la graphie jusqu'à l'époque de la rupture produite par l' apparition du numérique.

Ce n'est pas parce qu'on nage dans l'hypertexte en besognant les langages de programmation qu'on atteint plus vite les profondeurs de l'esprit.

Le sous-marin remonte à la surface comme le dormeur remonte du sommeil profond.

Balzac, dans Les illusions perdues. "Ce coup avait envoyé tout d'abord Lucien au fond de l'eau; mais il frappa du pied et revint à la surface, en se jurant de dominer ce monde".

Sous la surface est la profondeur de la nuit et de l'oubli en vue de la renaissance.

Ne vous laissez pas torpiller par les maîtres qui vous gouvernent.

L' avantage de l'écriture UNDERSEA, c'est qu'elle n'a plus les pieds sur terre ni la tête dans les nuages. Apprendre à se laisser descendre dans les abysses de

l' âme avec des chaussures de plomb et se laisser remonter lentement, les pieds nus, vers la limite de séparation des deux éléments. Le reste du temps comme écrivait du Bellay à propos d'Ulysse "plein d'usage et de raison - Vivre entre ses parents le reste de son âge."

La bien nommée Discontinuité de Gutenberg , autrement appelée le Manteau terrestre avec ses 2900kms de profondeur, attire le voyageur inconséquent qui ne sait pas remonter à temps.

La metaphora du circum-maritime de Nemo a été suggérée par George Sand. Edgar Poë et Homère sont souvent cités. C'est le talent de l'auteur des "Travailleurs de la mer" qu'il faudrait à Nemo pour peindre les merveilles des fonds marins.

Que je puisse être enfin l' extinctor du Leviathan qui hante ma vie. On n'a pas d'autre solution que répondre correctement à l'énigme du Sphinx pour délivrer nos crânes des terreurs nocturnes.

Ce n'est pas pour être pétrifié qu'on voyage sous la surface des choses mais pour être "mobilis in mobili".

Je décidais donc de m'enfermer dans le sous-marin noir, véritable prison flottante pour dicter les lois et espérer devenir "libre" parmi les hommes.

Que tout lecteur soit un Aronnax et se demande où veut l'entraîner la "fantaisie du capitaine".

Ecrire UNDERSEA, être un sous-marin noir c'est spéculer les eaux profondes à défaut de pouvoir comme Alice et Cocteau traverser la froide "surface de verre poli". La longue vue du marin rapproche comme le microscope électronique plonge à l'intérieur de la matière.

Ma figure de rhétorique préférée restera toujours la mise en abyme.

Rien de plus épuisant qu'une expédition lointaine quand on sait qu'il n'y a rien d'autre à trouver que soi-même.

Pour tout bon bibliophile la surface d'un livre doit être du cuir pour ne pas dire de la peau. Rien de plus beau qu'un livre relié en cuir et doré sur tranche. Les plus riches bibliothèques sentent la cire  qui protège les parquets-fougères et recouvre la peau des livres. Les titres aussi sont imprimés en or comme les épitaphes sur les froides surfaces de pierre polie qui servent de dalles aux pauvres morts (par ailleurs oubliés de tout le monde - les cimetières sont devenus déserts - sous la lune ou sous le soleil - rien que des menhirs emplis de textes que personne ne lit plus.) Les actes notariaux jalonnent nos vies. Lisez braves gens, ceci est ce qui reste de mon corps mais mon âme est dans la marge.

Ceux qui osent s'approcher et toucher la coque du Nautilus sont électrocutés et grillés vifs comme un condamné sur la chaise. Némo s'est fait comme prométhée voleur d'électricité, comme l'artiste voleur de feu, comme Le Voleur de Darien (casseur de vitres ) qui fait un sale métier mais le fait bien. Quand la fissure se fait et que l'air entre dans les poumons des petits d'hommes, cela les fait crier de douleur autant que l'eau amniotique qui entre par la carcasse du sous-marin.

 

Les yeux du Poulpe Léviathan comme la Gorgone Méduse, dévisageaient Nehemo pour lui interdire d'oser être Personne.

Plonger dans les eaux troubles du langage pour y voir plus clair, en évitant de s'embourber dans les langages de programmation du Net art pour de toute façon finir par revenir au parchemin et à la plume d'oie holographique. Communiquer est devenu l'enfance de l'art, laisser une trace aussi éternelle (c'est à dire relative) qu'une marque de pneus d'une Jeep sur la lune qu'aucun vent n'effacera, est devenu un but souvent méprisable au nom du "Carpe diem Kapitaliste". Prendre soin d'éviter l'étrave du Dark Sbmarine, tel est le premier devoir. Le capitaine du livre affirmait qu'il aimait son vaisseau comme la chair de sa chair. Le gouffre attribué par Baudelaire à Pascal, est précisément celui qui pousse à écrire sous la surface des choses au risque de voir ce que "Dieu a voulu interdire au regard des hommes".

Résoudre symboliquement le problème de la mort telle est la mission du Dark Submarine qui s'enfonce dans les abysses empruntant le chemin d'une chute interminable.

A la surface de l'océan du Globe, lui-même voguant au sein d'une poudrière nucléaire, il y a le désir qui frôle les vagues

au dessus règne le Tu-dois de la morale des hommes

au dessous, dans le froid des abysses qui jouxte le feu du "centre de la terre" il n'y a plus que les lois de la nécessité et il y en aura toujours plus à voir dessous que dessus. En remontant, le plongeur regarde la surface comme sous les jupes du monde.

La profondeur c'est aussi l'intérieur et le caché, l'invisible et le censuré. Le Dark Submarine nage à la subsurface avant de plonger dans la profondeur du profond pour faire sens. Le fond s'éclaire de ce qui "arrive" à la surface.

HEUREUSEMENT: la vie tient à un fil, un fil de salive tendu entre deux lèvres béates d'étonnement

à un fil de soie et de toi (l'autre forcément indispensable)

à un fil de téléphone, un cable de liaison, un réseau d'ondes entre la terre et le ciel

à un fil de flux chimique entre les neuronnes

à un fil de toile d'araignée (son piège détruit par une main géante l'insecte n'a plus qu'à mourir de faim)

à un fil de goutte à goutte à l'hôpital, un branchement électronique pour surveiller les pulsations de la vie

à un fil ombilical qu'on passe toute une vie à essayer de couper

à un fil d'acier pour passer en apnée de la surface à la profondeur du Grand Bleu

à un fil de ligne de chemin-de-fer qu'on suit car il conduit forcément quelque part

à un fil d'histoire ou de discours qu'il ne faut jamais perdre

à un fil de ligne qui seul peut aider le plongeur-explorateur à retrouver la direction de la sortie

à un fil d'Ariane pour pouvoir ressortir vivant du labyrinthe

à un fil de canne blanche pour ne pas glisser dans le sang

à un fil de suture qui retient encore le soldat à sa vie

à un fil de bave qui va de la bouche au crachoir du dentiste

à un fil pendu en haut d'une poutre quand le condamné n'a pas encore été gracié

à un fil qui retient la barque dont on ne peut se décider à couper les amarres

à un fil d'alarme qui retient l'habitant à sa maison-refuge

à un fil optique qui conduit les informations numériques à la vitesse grand V

à un fil de fer qui conduit le funambule d'une berge à une autre semblable à celui qui retient la bonde du bain matriciel et chaud

à un fil de métaphore ...

à un fil rouge de malade du SIDA

à un fil à la patte qui retient le prisonnier à son boulet

à un fil de trame que l'on tire sans y penser quand on attend avec angoisse des résultats d'analyse dans un laboratoire médical

à un fil qui retient le chien-loup à sa niche pour prévenir son maître du grincement des roues de la charrette de l'Ankou

au fil des pages du livre vermeil ... à un fil de film de souvenirs d'enfance qu'on regarde en pleurant

honneur à "Spider" de Cronenberg

Dans l'obscur grenier à blé, l'enfant terrorisé écarte nerveusement les fils de la vierge et les toiles d'araignée pour atteindre le rai de lune qui passe par l'œil-de-bœuf.


 

La trame du Net ce sont les câbles de fibres optiques et les "ondes wi-fi".

Considéré comme un sous-écrivain par mes relations éditoriales qui me reprochent souvent d'écrire dans le vent et pour des hyperlecteurs anonymes (opposés aux clients habituels - enseignants de préférence - qui vont toujours dans la même librairie, Parisienne si possible) je me vois aussi reprocher le risque de voir mon serveur et mon fournisseur disparaître un jour en volatilisant tout!

Certes, toute œuvre d'art n'a pas la chance d'être la Joconde et d'être conservée pour l'éternité (très relative) dans du formol, derrière trois couches de verres anti-balles et une multitude de protections électroniques anti-vol

MAIS

cela importe bien peu aux yeux de celui qui écrit dans son sous-marin. Si jamais l'hebergeur avait la mauvaise idée de laisser détruire ses serveurs alors j'irai chercher mon œuvre dans la boîte à allumettes où je l'ai (sauve) gardée. Quand je secoue la boîte j'entends sauter les cartes-mémoires à l'intérieur. Un mini-disque dur de 6 Go et trois mini CD-RW de 8 cm conforte la protection. Ajouté à cela une édition papier reliée par mon imprimeur de toutes les pages du site. Il va de soi que pour que l'œuvre puisse remonter à la surface et faire revenir les lecteurs-nageurs dans la course il faut la mise en scène du Net.

La plus belle des symphonies de Mahler n'existe qu'au moment où elle est interprétée par les musiciens dans une salle de concert, n'existe que le temps de la REPRESENTATION.

Les livres qui vont au pilon n' hurlent jamais de douleur. L'écrivain opiniâtre peut reprendre son manuscrit ou, à défaut, ses IDÉES.

Etant conservateur autant que lecteur ou navigateur dans les eaux profondes je me doute bien qu'un jour les Maîtres du Net choisiront par le biais d'instances tout à fait légitimées, les œuvres qui mériteront d'être conservées sur DVD-ROM dans un département de la BNF ou de l' INA.


"Quelques nouveaux leucocytes adhèrent à la paroi alors que la majorité d'entre eux ont quitté le vaisseau et ont déjà pénétré profondément dans le tissu voisin." ... c'est le flux du sang dans le réseau des profondeurs du corps qui fait la vie

comme c'est le flux de la lumière réfléchie dans les fibres optiques des réseaux underground qui fait l' œuvre du Net à la surface des écrans cellulaires.

Sans électricité pas de Net et sans chandelle allumée pas de lecture possible.

Il reste caché dans notre cerveau reptilien quelque chose de la peur du noir d'avant le feu, quelque chose de la peur d' Axel, perdu au Centre de la terre qui voit sa lampe s'eteindre fatalement: "Je n'osais plus abaisser ma paupière, craignant de perdre le moindre atome de cette clarté fugitive. A chaque instant il me semblait qu'elle allait s'évanouir et que le noir m'envahissait." Le même Axel avait pourtant pris des "leçons d'abîme" en montant au sommet d'un clocher. Je me souviens aussi d'une petite fille aveugle, qui dans un entretien clinique insistait sur le fait qu'elle "avait peur du noir"... puis "voyant" que cela ne marchait pas auprès de sa mère finissait par dire: "j'ai peur des bruits que je ne connais pas". Quant au silence absolu, au silence sourd, si vous l'ajoutez aux ténèbres vous obtenez un résultat qui doit ressembler au .

"Chaque mot est comme une souillure inutile du silence et du néant." (Samuel Beckett)