LE LIEU DU REVE
Entrez voir à
l'intérieur disaient les rabatteurs devant les boites de nuit:
tout est VISIBLE, tout est possible, une fois passé le
numéro du visa de censure. Parfois, à la manière
de super-peeping-Tom, je m'imaginais à la place des
personnages (surtout quand ils étaient en gros plan subjectif,
face à la caméra) regardant tous ces inconnus assis
dans le noir, regardant tous le même point lumineux. Parfois la
porte "Issue de secours", à droite de la flèche des
toilettes, s'entrebaille pour laisser entrer un homme chaussé
de lunettes noires avec un col d'imperméable remonté
qui scrute la salle pour voir si "Tout se passe bien".
Il n'y a plus d'ouvreuse avec leur lampe torche à circuler
dans les travées pour voir si tout se passe bien. Le voyant
rouge est mis: ON AIR. Il est interdit d'entrer dans la chambre noir
au moment de la révélation, interdit d'entrer sur le
plateau de tournage. C'est le huis-clos de la pensée
intérieure. Cela se passe comment de l'autre
côté? Que cela soit Tarkovski, Kubrick ou les
industriels des grands studios américains il s'agit toujours
de contempler la fin du monde solidement calfeutré dans le
velous rouge.