"Une fois de plus, Robbe-Grillet s'avance dans son labyrinthe de miroirs, de couloirs interminables, de photographies surexposées, de gestes ébauchés, de poses ou d'images érotiques, bric à brac de reliques, de chaussures de bal abandonnées, de cartes postales, de fétiches, de récits suspendus, de figures sardoniques de la mort ; et la tentation est vive de l'imiter dans ce geste d'autoparodie qui est le sien depuis son tout premier livre, Un régicide.(in n° 651 de la revue CRITIQUE)"

Il y a dans ce plan célébrissime du film d' Alain Resnais quelque chose de fantastique que j'ai été longtemps à découvrir: certes de nos jours cela se ferait en synthèse dans les laboratoires informatiques de la vidéo, mais à cette époque de pellicule argentique ils en furent réduits à peindre sur le sol; Seuls les personnages ont une ombre alors que les fusains n'en ont pas, un peu à la manière de Magritte quand il peint des nuits en plein jour. Un chef d'œuvre sur les dialectiques du temps et de l'espace ou de la presence et de l'absence.

Tout labyrinthe a son Minotaure et celui de ma grand-mère qui travaillait en usine à quatorze ans s'appelait dialectiquement ARIANE (du nom de la manufacture de gants pour laquelle elle travailla toute sa vie. ) Enfant, je jouais avec elle à dérouler les bobines de fils pendant qu'elle usait sa vie et ses yeux à coudre à sa machine. Après l'usine (500 machines à coudre à faire du bruit en même temps, uniquement travaillées par des femmes car, à l'époque on disait qu'elles étaient plus minutieuses et menées à la baguette par une Contre-Maîtresse perchée sur une haute estrade d'instituteur) l'âge venant elle finit par travailler chez elle dans sa cuisine où dans les années 1962 (post-mortem padre) vers 22h, elle regardait la télévision en coin. Le lendemain matin quand elle avait du mal à se lever pour faire le ménage et la cuisine, son mari (mon grand-père) lui reprochait d'avoir travaillé trop tard le soir. Minuit, une heure du matin, ce n'était pas rare!) .