Il y a dans ce plan célébrissime du film d' Alain Resnais quelque chose de fantastique que j'ai été longtemps à découvrir: certes de nos jours cela se ferait en synthèse dans les laboratoires informatiques de la vidéo, mais à cette époque de pellicule argentique ils en furent réduits à peindre sur le sol; Seuls les personnages ont une ombre alors que les fusains n'en ont pas, un peu à la manière de Magritte quand il peint des nuits en plein jour. Un chef d'uvre sur les dialectiques du temps et de l'espace ou de la presence et de l'absence.
Tout
labyrinthe a son Minotaure et celui de ma grand-mère qui travaillait en
usine à quatorze ans s'appelait dialectiquement ARIANE (du nom de la manufacture
de gants pour laquelle elle travailla toute sa vie. ) Enfant, je jouais avec elle
à dérouler les bobines de fils pendant qu'elle usait sa vie et ses
yeux à coudre à sa machine.
Après l'usine (500
machines à coudre à faire du bruit en même temps, uniquement
travaillées par des femmes car, à l'époque on disait qu'elles
étaient plus minutieuses et menées à la baguette par une
Contre-Maîtresse perchée sur une haute estrade d'instituteur) l'âge
venant elle finit par travailler chez elle dans sa cuisine où dans les
années 1962 (post-mortem padre) vers 22h, elle regardait la télévision
en coin. Le lendemain matin quand elle avait du mal à se lever pour faire
le ménage et la cuisine, son mari (mon grand-père) lui reprochait
d'avoir travaillé trop tard le soir. Minuit, une heure du matin, ce n'était
pas rare!) .