Oui, voila, c'est simple comme bonjour, à demain ... si Dieu le veut: Dieu ne le voulut pas. Ma mère prenait soin, même vieillissante et très malade, de déchirer les pointillés des coins de page de son agenda, ce qui en un sens m'a rassuré sur le fait que malgré tout (à savoir qu'elle était malheureuse et qu'elle n'avait plus le moindre espoir en l'avenir) elle pensait encore aux jours à venir et aux petites choses de la vie à faire.

Il fallait téléphoner au dentiste, passer déposer un appareil photo à développer, porter un pantalon à nettoyer.

Et pourtant, je suis certain qu'on peut trouver des gens qui vont chez le coiffeur avant de se suicider. Alain, il marchait bien sur le trottoir avec son sac à dos et son walkman sur les oreilles en écoutant une chanson de Renaud: cela ne l'a pas empêcher de se jeter du haut du pont sous le RER qui l'attendait. 

En parlant sans cesser de leur mort, les gens la rendent impossible aux yeux des autres.

Mon père est mort quand j'avais douze ans et de ce fait a toujours été mort pour moi contrairement à ma mère qui malgré toutes ses maladies graves finissait vraiment par avoir l'air de résister à tout.