Page dédiée au Wiki Wiki Web ....Malus .... Mal de texte et livre perverti... perverti par l'usure du temps ... détourné de sa fonction première: "être lisible-visible". Jadis dans les sombres sous-sols (car dans la lumière tout est soluble) les ouvriers de la Bibliothèque Nationale en blouse grise luttaient pour ptotéger les manuscrits des ravages du temps. Au XXIeme siècle, la plus grande perversion est devenue l'excès de communication, l'excès de lisibilité. Tous les palimpsestes ont retrouvé leur jeunesse profane. Tant et tant auront lavé pour rien des papyrus comme ils effaçaient les tablettes d'argile, ardoises magiques avant l'heure, pour les recouvrir d'écrits théologiques condamnés à disparaître à leur tour. Big Google aussi est à la recherche d'un effet palimpseste qui permettrait sans les effacer de mettre les liens non réclamés au rebut. Un livre même paré d'une certaine beauté restera toujours dans l'espace de l'imparfait et de l'éphémère.

- a contrario

Le livre existe: il est là, posé sur la table du café à côté de la tasse, comme le jour où un éditeur m'en déposa six specimen pour la promotion. Tout de suite, j'étais allé voir en 3eme de couverture les lignes écrites qui me fascinaient le plus: "Achevé d'imprimer pour les éditions... sur les presses de...". J'ai toujours pensé que le nom de l'imprimeur, de l'artisan qui fabrique la reliure, qui fait des pensées couchées sur le papier un objet, devrait être écrit en caractères gras sur la couverture, au même titre que celui de l'éditeur.

Sans les bons soins de l'éditeur, le texte ne serait jamais devenu une œuvre. Il allait falloir que j'apprenne à m'en passer.

  1. J'écris par nécessité: qu'on me coupe les mains, je trouverai encore un moyen, non pas pour écrire avec la bouche, mais pour faire de la littérature.
  2. J'écris comme aurait dit Husserl en prenant comme référant l' existant absolu,sans personne qui me regarde par dessus mon épaule.
  3. J' 'autorise moi à faire de la littérature et des raisons j'en ai des tonnes
  4. mon père est vraiment mort à 39 ans quand j'en avais 10
  5. ma mère est vraiment morte après plusieurs stations sur le chemin du calvaire des graves maladies
  6. mon chien qu'on m'avairt offert pour me consoler de mon père est vraiment mort 2 ans après
  7. mon meilleur ami est vraiment tombé "lucide" avant de se suicider en se jetant du haut d'un pont sous un train
  8. mon ami flûtiste à l'orchestre symphonique s'est vraiment tué écrasé dans sa voiture par un 30 tonnes
  9. notre petit chien noir est vraiment mort dans mes bras
  10. on a vraiment fait pleurer notre petite fille de 10 ans en divorçant
  11. mon pote de chambrée d'étudiant s'est vraiment suicidé en s'étouffant avec un sac plastique
  12. ma petite amoureuse écrivain s'est vraiment suicidée à 30 ans et ses cendres sont vraiment dans une urne
  13. mon grand-père que j'ai tant aimé est vraiment mort avec des tuyaux partout dans un stalag de CHU en préfabriqué
  14. mon vieux copain de cénacle philosophique s'est vraiment tué sur la route en rejoignant sa maîtresse
  15. m... pas de pathos, juste un constat et une énumération... "I remember"

Texte de F. Ponge

- J' écris car c'est une autre "manière de ne rien faire", car faire on le sait depuis la préhistoire;

j'écris car un livre est comme un piano: on peut jouer tout l'orchestre avec le clavier;

un livre peut être comme une dalle que l'on grave

comme une pierre érigée par des esclaves

comme une peau que l'on marque au fer rouge

comme un cahier d'écolier

comme les traces de fumée blanche laissées par les avions dans le bleu du ciel.

comme des lettres éphémères creusées dans le sable que la première vague efface

comme une histoire qu'on racontait aux enfants

comme un tragédie qu'on allait voir quand on ne savait pas encore écrire

comme une brique de bibliothèque .

J' écris comme on crie avant d'y passer, j'écris car j'ai encore la possibilité de ne pas pouvoir faire autrement.

- Je n'ai jamais autant parlé avec ma mère que depuis qu'elle est morte. Elle est entrée en moi et me parle de l'intérieur comme jadis j'étais en elle.

Et moi, j'écris aussi tant que je suis encore au-dedans avant (par ma mort impossible) d'être jeté au dehors comme je le fus déjà une fois, expulsé dans le monde. Je ne peux pas m'empêcher d'écrire pour corriger, pour me racheter, pour rectifier. Je me demande parfois si je n'exhibe pas sur le net que des ratures.

- Je me demande si je serais capable d'écrire sans la rhétorique de l'oxymoron sachant que nous sommes condamnés à passer de tout à rien avec une incroyable légèreté.

- Vendredi 23h08 - je me suis constitué une petite base de données avec des bouts de papier-fichiers textes, avec des morceaux de musique-MP3, avec des photos découpées-jpeg, à coller, avec des petites images animées-gif; dans laquelle je pioche pour "trouver mon bonheur": c'est comme un jeu d'enfant et je comprends que l' INSTALLATION, comme on dit dans les musées d'art contemporain, puisse être une tentation.

Qu'on me donne de la colle et des ciseaux pour refaire le monde à ma façon avant d'être forcé d'écrire avec mon doigt à vif et dégouttant de sang sur les murs d'une cellule.

- Je sais que ce qui attire les mots ce sont les images et je ne pourrai jamais y renoncer (même aveugle) . Les mots suscitent d'autres images à leur tour.

- J'ai toujours vénéré mon grand-père à cause du fait qu'il avait construit lui-même sa maison (avec deux amis) et manié la Truelle, la Pelle, l'Equerre et le Fil-à-plomb. Sa fille aussi fut fière de lui toute sa vie;

- "Et toi, papa, que fais-tu?"

- " RIEN, juste écrivain et cinéaste du dimanche, pour éviter le vide de la vie et mourir de trop d'afflux..Mais je m'en fiche, moi, j'écris mon truc comme on bricole sans fin dans un sous-sol, à fabriquer une machine célibataire. Je ne sais pas si la vie est une "vaste rigolade" comme s'était laissée aller à dire Duras, mais je suis certain que c'est tous le jours sur la corde raide et un gros bricolage; c'est sans arrêt du rafistolage, on aménage, on répare, on s'arrange.

Je suis le facteur Cheval de l'internet. J'aimerais qu'on visite mon site comme je me promène dans ma grotte idéale contruite en briques de gifs et de mots html . Dans les mots comme dans dans les images et les musiques il y a du déjà sculpté: alors je fais de la franche maçonnerie et fabrique du sens. Je continuerai toujours et charierai moi-même tous les mots. Un travail éternel comme le repos.

- Gosse de 15 ans je lisais Le Révolver à cheveux blancs, de Breton et jurais de me souvenir toujours de ces deux vers:

"A cette heure où des milliers de canards de Vaucanson se lissent les plumes

Sans te retourner tu saisissais la truelle dont on fait les seins"

Mon père, inspecteur aux Postes et Télécommunications me racontait ainsi, souvent, des histoires de messagers. Bientôt personne n'apportera plus aucune lettre dans les boites qui ne renfermeront plus que publicités et factures.

F e r d i n a n d

- Le problème c'est qu'on lit un livre électronique comme un e-mail. Personne ne vous l'a vendu , pas plus de porteur de lettres que de livreur de livres.

- Une vieille amie des années fac, Violaine Fleur m'a téléphoné, alors qu'elle est à la retraite prématurément de par sa cécité intervenue une veille d'épiphanie après une chute de vélo. Tout ceci serait sans importance si ce n'était le fait que devenue écrivain je luis conseillais de juste politesse la lecture de mes livres et la visite de mes sites littéraires: ce qui provoqua sa colère polie et ma honte infinie. Internet c'est bon pour les voyants et surtout pas pour les manchots sans yeux. Après le virtuel resteront à inventer l'hologramme palpable et les écrans tactiles comme on en rêve dans les romans de science-fiction les plus téméraires. Le numérique n'a de cesse que de réinventer l'analogique. Les premiers holoscreens sont émouvants et font surtout rêver les publicitaires et bientôt les installateurs de web-art; mais le jour où on pourra toucher le corps d'une image il faudra faire attention de ne pas attraper une nouvelle maladie électronique.

- L'âne bâté , les yeux bandés tourne dans sa nuit autour du puits.

- Le moindre aveuglement et le moindre silence nous rendent complices...

et nous le sommes de plus en plus par la faute de médias et maintenant du net: nul n'est censé ignorer l'actualité même si celle-ci est celle des antipodes.

Nous sommes considérés comme coupables si nous faisons trop couler l'eau du robinet en nous lavant les mains, coupables si nous rejetons trop de gaz carbonique avec la voiture (alors que Tchernobyl a son sarcophage qui fuit de partout et que le deuxième que l'on va construire sera le plus grand monument du monde - Ce projet, d'un montant d'environ 760 millions de dollars, financé par la BERD (de l'ordre de 710 millions) et par le gouvernement ukrainien (50 millions) prévoit la construction d'un nouveau sarcophage (New Safe Confinement &endash; NSC) dont le concept a été choisi en 2001. Le nouveau sarcophage sera constitué d'une double enveloppe métallique formée de quatre segments en forme d'arche de 37,5 m de long, de 245 m de portée intérieure et de 100 m de hauteur extérieure. Sa durée de vie est estimée à 100 ans. - ) , coupables si nous fumons de tuer les autres autour de nous, coupables si nous buvons de coûter cher à la sociale sécurité, coupables si nous avons des rapports sexuels sans préservatif de risquer donner la mort à l'autre, coupables de sourire à un enfant qui revient de l'école... Coupables! et cela résonne comme la honte dans la tête de Joseph K. quand on lui enfonce le couteau dans le cœur. Doutant parfois que le monde soit absurde, j'ai honte du sens qu'il a mais loin d'être caché comme jadis (je connus un temps avant les images) il est présent dans toute son obscénité face à notre regard sur n'importe quel "terminal".

On écrit toujours dans l'ignorance car on ne peut pas tout vérifier, tout étudier, tout voir et tout entendre sur la giga-encyclopédie du web et sur les news en direct de tous les points de la planète Terre. Big Brother a fini d'être une anticipation depuis belle lurette et il y a des caméras dans les ascenceurs, en Chine.

- La barbarie qui traverse l'occident ne réussit même pas à chasser l'ennui profond des petits bourgeois. L'avantage de la peur visible partout, sur la télé de 20h ou sur l'ordinateur intime dans la chambre de l'adolescent, c'est qu'elle est un rite funéraire et qu'elle fait consommer par consolation. On nous fait croire que nous sommes passés dans l'ère post "major event" mais alors à quoi donc ont servi les grandes guerres, les grandes épidémies, et les grands tremblements de terre - la terreur du "tremere" - Une maison qui s'effondre doit-elle comporter plusieurs centaines d'étages pour faire réfléchir le monde? Le Dieu jaloux a détruit les ziggourats de Babylone en semant la confusion des langues mais aujourd'hui les ouvriers étrangers ne se parlent plus que par geste pour ériger le financial center avec des bureaux directoriaux au-dessus des nuages et des maisons basses...(Taipeh :508mètres)

Je ne parle pas du projet de l'architecte français en Chine qui veut encore jouer à Babel avec des Twins Towers de 514 mètres Ah! des hélices qui percent les cieux et font la nique à Dieu.

Mais les financiers américains sont obstinés et décident de revoir leur projet de la Tour de la Liberté construite par un architecte d'origine juive polonaise afin qu'il soit encore le plus haut du monde (Big of the univers) avec le symbolique 610mètres.

Certains observateurs affirment que Larry Silverstein, aidé ou non d'autres investisseurs, aura les plus grandes difficultés à faire revenir les entreprises dans le quartier, au moins avant la fin du chantier. Le mémorial dessiné par l'équipe de Michael Arad, Peter Walker et Max Bond pour occuper l'espace "libéré" par les tours jumelles serait, selon eux, difficile à concilier avec un quartier d'affaires. Les mêmes observateurs vont jusqu'à imaginer que Silverstein, une fois le montant des assurances acquis, serait tenté de revendre son bail. Une hypothèse peu plausible : le promoteur a, en fait, sollicité plusieurs architectes de stature internationale (Jean Nouvel, Fumihiko Maki, Norman Foster) pour édifier les autres tours du projet Libeskind, ce dernier ne gardant qu'une moitié de la Freedom Tower et un droit de regard sur l'ensemble du site.

Décidément, il est dit que RIEN ne rabaissera jamais l' Orgueil des Fous de l' Argent ("Money" comme chantaient jadis les Pink Floyd). Et ils continuent à proclamer que c'était l' Event Major du monde... pour que d'une certaine façon toutes les autres horreurs du monde (y compris l'Amérique) deviennent "Minor events"

 

I S S U E