Dans la foulée du livre, d'autres pages se sont engouffrées dans les tuyaux de la circulation du flux numérique, faisant feux de toute  technique..
Préface de papier et papier en guise de présentation par Jean-François Marquet
                                        
Si la perfection, dit-on, n'est pas de ce monde, c'est sans doute qu'il mérite moins ennuyeux.
La concision du calembour est parfois celle du cri.Le journal intime a son échéance dans la mort et quelle impuissance il y a à le lire posthume. Il restait donc à violer l'historicité, accumuler les sentences, comme les fragments de fresques pompéiennes, et les rassembler après les ruines.
Entre "je me souviens" et "je ne peux pas savoir", il y a des mondes éphémères et impressionnistes où l'urgence prend les commandes de la mémoire du clavier. C'est là, à chaud, qu'il faut lire les fureurs, les désespoirs, vampiriser les mauvaises humeurs.
Que les textes se succèdent en fractures graves et qu'ils laissent le lecteur légèrement boiteux pour lui ressasser qu'il existe aussi. Ou bien au lecteur qui débute, lire "Les mauvaises et sales pensées" comme d'autres disent le bénédicité: avec recueillement et sans en abuser, simplement pour conjurer le poison dans du bon pain.
Mais surtout, ne pas rester là sottement. Les mondes intérieurs ont des raccourcis que la relativité n'a pas mesurés. Battre les sentiers comme des femmes, avec familiarité et indécence, sans but ni merci. Ne pas attendre la mort de l'auteur pour s'empoisonner de son cadavre, comme des crabes tropicaux; le fiel de vie est plus roboratif.
Et puis il y a de l'orgasme dans ces Apophtegmes, au jour le jour l'éternité que Jabes, Bloy, Bataille, Blanchot, Penderecki, Bach, Stanley Kubrick et d'autres animaux marins viennent éteindre. Il y a des crêtes, des lignes brisées d'horizons, il y a des nus, des couleurs, des rivages sans phare, des fêtes brûlantes.
Autant de présages entre les lignes que la vie entre les jambes, promesse de drôles de généalogies.
Mais le cri le plus court étant un long silence, il faudra encore attendre une certaine page sur laquelle sera écrit: "... * ..." et se demander enfin à qui profite le temps qu'on prend à lire des choses qui ne s'écrivent plus.    (Jean-François MARQUET  journaliste, chroniqueur, auteur)
.